Les Chroniques de l'Imaginaire

L'appel du Loup (Raven Blade - 1) - Ryan, Anthony

Depuis qu’il est retiré dans les Hauts Confins et qu’il est devenu le Seigneur de la Tour, Vaelin Al Sorna tente de garder une vie paisible de châtelain dévoué à la reine Lyrna. Il a appris à apprécier cette vie routinière, loin des champs de bataille et de la gloire militaire, même si les séances de doléances l’exaspèrent souvent quand il doit trancher des litiges pour des motifs triviaux.

Il a pris sous son aile Ellesse, la fille adoptive de Reva, à qui il enseigne l’art du combat, et la jeune fille s’avère être une archère accomplie qui n’hésite pas à prendre la vie d’un homme si le besoin s’en fait sentir. Mais c’est aussi une adolescente rétive, qui n’aime rien tant que défier son oncle qui sera obligé de prendre des mesures afin de continuer à lui apprendre ce qu’il sait de la stratégie militaire.

Quand Vaelin apprend que Sherin, la femme qu’il a perdue bien des années auparavant pour la protéger, est en danger par-delà les mers, il décide de la rejoindre afin de la soustraire à la Horde d’Acier qui menace un pays tout entier. Bravant les ordre de la reine, il s’embarque pour un pays inconnu où un homme se prend pour un dieu. Mais un dieu vindicatif, avide de pouvoir et qui veut la mort de Vaelin car celui-ci porte le même surnom que lui : Sombrelame.

Tout le talent d’Anthony Ryan est de nous faire entrer dans ses histoires et d’arriver à ne pas nous faire lâcher le livre parce qu’on veut connaître la suite. Comme pour Blood Song, Raven Blade est un régal de lecture. Des personnages à foison, des aventures, des combats, des énigmes, des voyages, le tout pourrait être indigeste mais l’ensemble se révèle excellent dans son genre. En effet, Anthony Ryan évite les écueils des personnages caricaturaux, et chaque nouvelle rencontre apporte quelque chose à l’histoire, chaque rebondissement est pensé pour pouvoir donner un autre rebondissement plus tard. Ou le laisser croire.

A savoir que ce roman peut se lire sans avoir lu la première trilogie, car des rappels sont fait pour mieux comprendre la situation au début de l'histoire.

Si je n’avais pas connu la plume de cet auteur, j’aurais pu penser que les cent premières pages n’étaient là que pour faire du contenu, car on n’entre pas immédiatement dans le vif du sujet. Le livre s’ouvre sur la présentation de Luralyn, qui est la sœur de Kehlbrand, l’homme qui se prend pour un dieu, et explique en partie comment Kehlbrand a commencé son parcours fantastique vers le pouvoir divin. Et on comprend rapidement que cela va créer des problèmes. Beaucoup de problèmes.

On enchaîne ensuite sur la vie plutôt rangée de Vaelin, qui nous permet d’apprendre à connaître un peu mieux Ellesse, tout en montrant le côté rigide de Vaelin servant au mieux sa reine. Et, évidemment, quand il rompt sa promesse de ne pas quitter le continent pour aller rejoindre Sherin, personne n’est réellement vraiment étonné.

Les rebondissements de l’histoire sont classiques, l’auteur restant dans de la fantasy plutôt old school à base de voyages, d’affrontement, et d’évolution personnelle des personnages. Au point que toutes les péripéties sont prévisibles, comme le moment où Ellesse désobéit à son oncle et embarque en douce sur le bateau qui part vers les Royaumes des Rois Négociants ou quand certaines trahisons surviennent, ou alliances inattendues.

Mais je n’ai pas boudé mon plaisir car même si on voit venir les choses en avance, la narration demeure excellente et les aventures d’Al Sorna palpitantes. Le point le plus négatif pourrait être que l’auteur nous livre un Royaume des Rois Négociants entièrement calqué sur la culture asiatique, mais même cette facilité de création d’univers s’efface devant l’efficacité de ses descriptions et de l’immersion qu’il arrive à provoquer.

C’est donc un excellent premier tome que nous livre l’auteur, et qui donne, dès qu’on l’a terminé, une envie folle de connaître la suite.