Les Chroniques de l'Imaginaire

Juste avant d'éteindre - Azoulay, Hélios

Un musicien juif, un convoi, un camp de concentration.

Le narrateur est fait prisonnier dans un camp de concentration après un long voyage dans des conditions horribles. Heureusement, on l'affecte à une tâche administrative. Il peut ainsi survivre tant bien que mal tandis que l'horreur quotidienne l'entoure.

Il est musicien, compositeur exactement, mais ne peut plus exercer son art. Alors il écrit. Dès qu'il trouve un petit morceau de papier, il écrit. Des petites phrases, parfois poétiques, optimistes : "Et malgré tout, le printemps, l'éclaircie" ou des témoignages glaçants de son quotidien : "On a amené une dizaine de cercueils vides. Par terre, les cadavres ont pris peur" ou des petits mots qui font sourire : "Dieu devait avoir les poches trouées".

Dans la seconde partie du roman, les petite phrases sont jetées sur la page, alignées à gauche, à droite, au milieu, coupées sur deux ou trois lignes, pour représenter la forme du petit papier qui a servi de support.

La première partie est plus classique. Dans de très courts chapitres, le narrateur raconte son vécu, comment il a réussi à s'échapper du camp, à faire une rencontre bien étrange avec une grand-mère bien spéciale, avant d'être rattrapé par les Allemands. Est-ce vraiment arrivé ? Est-ce son imagination qui lui fait raconter cela ? C'est tellement court, presque irréel, qu'on ne le sait pas.

C'est un roman qui se lit à la fois très vite car il est très court et à la fois qu'on peut prendre le temps de déguster pour lire et relire les petite phrases, au hasard des pages, pour mieux en apprécier l'humour, le désespoir ou au contraire l'espoir comme celle-ci, à méditer : "La vie, ce présent qui consiste à exister".

Un roman poignant, déroutant, d'une grande sensibilité.