Les Chroniques de l'Imaginaire

Cyberpunk's Not Dead - Rumpala, Yannick

Cyberpunk’s Not Dead interroge la contemporanéité du cyberpunk à la lumière des sciences sociales à travers cinq parties thématiques.

Le « Cyber / Code » se consacre à la place exacerbée de la technologie et de l’informatique dans les univers cyberpunk. Dans cette partie, l’auteur signale notamment que le numérique est à la fois facilitateur de la vie humaine et amplificateur de ses défauts. Il s’intègre partout, dans les environnements physiques comme dans les corps. Ce faisant, il redéfinit les identités et les rapports humains.

La partie suivante, « Capitalisme / Corporations », explore les ressorts économiques et politiques des univers décrits dans la littérature cyberpunk, souvent un capitalisme déterritorialisé et globalisé. « Cités » examine plusieurs types de villes inventées par les auteurs du courant cyberpunk, des villes-cyborg aux villes mondes. Il s’attache aussi à montrer en quoi l’espace urbain est générateur de tensions. 

« Corps / Cyborgs » analyse la manière dont la technologie se connecte à l’humain, dont l’humain évolue pour devenir autre chose.

Dans « Chaos / Contre-cultures / Criminalité », partie qui m’a le plus plu, l’auteur évoque la pauvreté et la précarité omniprésentes des univers cyberpunks, à la fois sur le plan individuel – on suit souvent des personnages au parcours de vie chaotique – que collectif, avec des sociétés impitoyables.

« Cyberespace » nous emmène au-delà du monde physique vers les nouveaux espaces accessibles par la technologie, riches en possibilités comme en dangers.

Bien qu’ayant peu lu de romans s’inscrivant dans ce genre, je suis toujours curieuse des analyses que les chercheurs peuvent produire à partir des travaux de fiction. La fiction peut parfois servir de révélateur pour certains phénomènes sociaux, qu’ils soient majoritaires au moment de l’écriture ou simples « signaux faibles » captés par l’auteur et amplifiés. Le cyberpunk en offre un bel exemple avec la description de différents rapports à la technologie au moment où celle-ci se transformait radicalement. J’aurais peut-être aimé un comparatif avec ce qu’on observait dans la société au moment de l’écriture et ce qu’on observe actuellement, sur l’ensemble des thématiques (technologie, urbanisme, économie…) évoquées dans l’ouvrage. On voit ce travail transparaître, notamment quand il est question de la précarité des univers cyberpunks. L’auteur n’hésite alors pas à aborder plus spécifiquement certains concepts sociologiques et à revenir sur le contexte d’écriture des romans. L’ouvrage en l’état est cependant très riche.

À titre personnel, j’ai le sentiment qu’il m’a parfois manqué un certain bagage littéraire pour saisir pleinement tous les aspects avancés par Yannick Rumpala qui se réfère abondamment, et c’est bien normal, aux différents auteurs et romans du courant mais aussi à quelques films s’y rapportant. L’ouvrage plaira avant tout aux amateurs de cyberpunk qui ont envie de mieux en cerner les contours d’un point de vue théorique.