Nous sommes en 1843, dans un petit village du Trièves, dans le Vercors. La population y est aux abois depuis quelques temps, avec des gens qui disparaissent mystérieusement. Pas uniquement des filles, mais aussi des hommes d'âge mur... Les bois alentours ne sont plus fréquentés, et c'est le capitaine de gendarmerie Langlois qui vient enquêter, d'abord seul, au village.
Et puis, le capitaine en question s'entoure d'hommes. Des gendarmes, qui seront nombreux. Pourtant, malgré les battues, rien n'y fait. Langlois se retrouve de nouveau seul, et c'est par hasard qu'il parvient à observer un homme du village voisin, qui descend d'un arbre gigantesque, majestueux. Et c'est dans cet arbre que Langlois va découvrir le corps de la dernière fille qui a disparu. A partir de là, l'arrestation ne sera pas loin.
Et c'est un malheur, pour Mme Tim et pour Clara, une ancienne prostituée qui a hébergé Langlois durant toute son enquête. Voir partir cet homme si mystérieux et énigmatique est un déchirement, et c'est aussi le moment de se rendre compte que cette présence comptait. Pour l'heure, Clara et Mme Tim ne savent pas encore que Langlois va bientôt décider de revenir dans ce village, et de s'y installer pour de bon, afin d'y mener une autre enquête, toute aussi mystérieuse...
C'est aux éditions Futuropolis que l'on doit cette adaptation en bande dessinée de Un roi sans divertissement, un roman de Jean Giono (Le hussard sur le toit, L'homme qui plantait des arbres...). L'adaptation est ici signée par un duo d'auteurs qui n'en est pas à son coup d'essai chez cet éditeur, puisqu'il s'agit de Jean Dufaux et de Jacques Terpant, à qui on doit deux autres magnifiques one-shots, que sont Le chien de Dieu et Nez-de-cuir. Ainsi, après Céline et Jean de la Varende, c'est ici Jean Giono qui est mis à l'honneur.
Et c'est encore une fois avec beaucoup de plaisir qu'on se retrouve happés par le récit de Jean Dufaux. L'auteur maîtrise parfaitement son sujet, avec également des flashbacks parfaitement amenés, et les dessins de Jacques Terpant, qui se régale avec ces paysages naturels, sont de toute beauté, comme ce qu'on peut trouver dans les productions d'un auteur comme Jean-Claude Servais, notamment avec ces loups qui sont parfaitement réussis.
Un roi sans divertissement est un magnifique one-shot, qui met à l'honneur un grand classique de la littérature française. C'est aussi l'occasion d'y trouver une histoire tragique, en mettant en lumière un bon nombre de personnages attachants et charismatiques. Une lecture intelligente et qu'il faut mettre entre un maximum de mains, en somme !