Le petit groupe d'adolescents est maintenant éparpillé, après que Minus, le frère de Vanille, a été enlevé par les adultes, contrôlés par d'étranges créatures. Alors que Vanille se retrouve coincée dans un coffre de voiture, Minus fait la rencontre d'autres enfants, prisonniers comme lui dans d'étranges cages qui les protègent du fog alentour. Minus se rend vite compte que ses compagnons d'infortune disposent de pouvoirs équivalents au sien.
De leur côté, Chief et la Crado sont ensemble, et ils essaient de réactiver la soufflerie dans leur abri de fortune. Le temps presse, car un second brouillard, bien plus puissant que le premier, est sur le point de recouvrir la ville et sa banlieue, et il vaut mieux ne pas respirer le brouillard en question, histoire de ne pas devenir un baveux... Les deux amis sont en contact avec la Taupe et son frère, Testo, qui sont de leur côté avec Gros taré, le veillard qui commence peu à peu à retrouver toute sa tête.
Le brouillard est ainsi tout à fait omniprésent, avec ses teintes de vert qui renforcent le côté glauque de cette série. Stéphane Betbeder construit ici un scénario atypique pour une série jeunesse chez Dupuis : c'est vraiment noir à souhait, plus que cela ne pouvait l'être avec une série comme Seuls. Si Créatures a de nombreuses similitudes avec la série de Fabien Vehlmann et Bruno Gazzotti, force est de constater qu'elle dispose de ses propres codes, ce qui lui donne un charme certain.
Par ailleurs, les autres références sont bien présentes, notamment La Guerre des Mondes, où les êtres humains sont impitoyablement enlevés, pour servir de nourriture aux extra-terrestres. Nous n'en sommes pas à ce point ici (encore que !), mais il est clair que cette créature, Yog-Sothot, une espèce de pieuvre géante qui dort sous le sol de New-York, nous fait bien penser aux créatures imaginées par H.G. Wells.
Si le scénario est ainsi très rythmé, avec des passages courts qui balayent incessamment nos trois groupes de personnages, il faut bien noter que le côté graphique n'est pas en reste. Comme on disait plus haut, on a un traitement graphique par Djief bien plus sombre et bien plus glauque que dans une série comme Seuls, ce qui permet de gagner dans l'intensité de l'immersion. Presque un peu de frayeur, ce qui est franchement bienvenu dans une série, avec un côté qui la rend plus adulte.
Les deux premiers tomes de Créatures sont de très belle facture. La série devrait en comporter cinq : il nous tarde déjà de découvrir le troisième tome.