Les Chroniques de l'Imaginaire

La baleine blanche des mers mortes - Wellenstein, Aurelie & Boiscommun, Olivier

Ca y est : la folie des hommes a eu raison de la planète que l'on connaît aujourd'hui. Les mers et océans se sont évaporés, tuant au passage l'intégralité des espèces animales qui peuplaient les océans. C'est dans un Paris désolé, dévasté, qu'un homme s'avance, un curieux blouson du Punisher sur le dos, et au vu du changement d'atmosphère, il cherche à trouver un abri...

Car dans ce monde, si les mers sont mortes, elles reviennent sans crier gare, avec une marée fantôme. Une marée particulièrement meurtrière, puisqu'elle permet aussi aux fantômes des poissons, tortues, méduses et autres requins de revenir se venger, en tuant les derniers survivants humains, cette fois de façon bien réelle. Et c'est au beau milieu d'une de ces marées fantômes que Bengale, c'est le nom de ce voyageur, fait la rencontre de Chrysaora, une jolie jeune femme qui danse avec des méduses, sans que ces dernières ne tentent de la tuer...

Bientôt, les deux jeunes gens sont défendus par une bande de harponneurs, dont la chef est ce qu'on appelle une exorciste, chargée de défendre les survivants. Albatros perd un de ses harponneurs dans la bataille, puis elle escorte Bengale et Chrysaora à l'intérieur de l'Opéra Garnier. Là, les voyageurs rencontrent un lieu de vie assez unique, avec de l'eau potable présente à volonté, et des potagers qui permettent aux légumes de pousser.

Un orchestre symphonique est également présent, avec Herman, le chef de la troupe de musiciens... La troupe en question joue pour calmer une immense baleine blanche, qui vient régulièrement à chaque nouvelle marée fantôme. La musique est la seule manière de calmer l'immense animal fantôme. Par ailleurs, le fils d'Herman a été quasiment zombifié après un contact avec la baleine. Pour le chef d'orchestre, l'enjeu est aussi de récupérer une partie de l'âme de son fils, qui est dans cette baleine. Il compte maintenant sur Bengale et Chrysaora pour l'aider...

Ce one-shot, La baleine blanche des mers mortes, est issu d'un roman d'Aurélie Wellenstein, Mers Mortes, paru aux éditions Scrineo. C'est Olivier Boiscommun qui réadapte ici cette histoire, qui fleure à la fois le post-apocalyptique et l'onirisme, en bande dessinée. L'auteur n'en est pas à son coup d'essai, d'abord chez Drakoo car il a travaillé sur Danthrakon, et puis également dans Paris dévasté, qu'on a déjà pu voir dans la trilogie La Cité de l'Arche, chez Drugstore.

Ainsi, c'est un plaisir immédiat de parcourir les planches en couleurs directes d'Olivier Boiscommun. On a un clin d'œil plein d'humour au Punisher, ce héros de comics américains, et on se retrouve avec des poissons capables de traverser les murs et de tuer les humains qui ont survécu à l'apocalypse. Cela est totalement différent, mais le traitement graphique a pu me faire penser aux dessins de Miguelanxo Prado, dans Ardalén.

Le récit, onirique à souhait, est empreint d'une douceur et d'une poésie très appréciables, tout en étant parcouru de scènes d'actions superbement mises en images, et de révélations inattendues et parfaitement amenées. Les dessins d'Olivier Boiscommun sont de toute beauté : la couleur directe fait de véritables petits miracles, et les fans de La Cité de l'Arche, Pietrolino, Ange ou Le Règne seront encore une fois parfaitement gâtés ici.

Bref, un excellent one-shot, maîtrisé de bout en bout, empreint d'écologie intelligente, et donc forcément à mettre entre toutes les mains.