Théo Miller travaille au bureau d'audit des crimes. Pour chaque dossier qu'on lui confie, il doit estimer, au centime près, la valeur financière du crime, la valeur de la vie de la victime, des dégâts collatéraux, etc. Le criminel doit alors payer la somme calculée. S'il ne peut pas payer, il va en prison, c'est-à-dire le hachoir.
Mais Théo Miller cache un secret. Théo Miller n'est pas son vrai nom. Il a volé l'identité du vrai Théo Miller dans des circonstances bien louches. On ne saura jamais son vrai nom.
Il traine sa mélancolie au bureau où c'est un employé discret, calme, qui ne se fait pas remarquer, qui fait son travail correctement. Mais un jour, il tombe sur une ancienne connaissance et c'est la panique. En effet, cette femme sait bien qu'il ne s'appelle pas Théo Miller. Aussi, quand elle le retrouve et qu'elle lui communique une information d'importance, tout bascule pour lui. Il va alors se retrouver pris dans un engrenage dangereux puisqu'il va se retrouver mêlé à un scandale politique majeur.
Le style du roman est assez particulier. Les dialogues sont des vrais dialogues de la vie courante, c'est-à-dire que très souvent les phrases ne sont pas terminées, que la personne qui parle enchaine les idées comme elles viennent. Ça peut paraitre parfois brouillon, touffu, ardu mais à la longue, on s'habitue.
C'est une écriture aride, efficace, dure mais agréable à lire car maîtrisée et intelligente. L'autrice décrit un monde ultra-vénal où tout, absolument tout se réduit à une somme (en général importante) à payer. Au point que la tueuse à gages préfère, lorsqu'elle exécute sa commande et assassine de sang froid sa victime, appeler tout de suite la police et l'attendre. Ainsi le bureau d'audit des crimes tient compte de sa collaboration et la somme à payer est beaucoup moins importante que si la police avait dû faire une longue enquête. Le commanditaire du crime n'a plus qu'à payer l'amende, et hop, la tueuse à gages est prête pour un nouveau contrat, après quelques semaines de discrétion.
C'est une société sombre, troublante de véracité, qui provoque une réflexion sur notre société moderne.