Les Chroniques de l'Imaginaire

Goldorak - Dorison, Xavier & Bajram, Denis & Sentenac, Alexis & Cossu, Brice

S'il est un nom qui évoque immédiatement des souvenirs télévisés d'enfance à toute personne quarantenaire ou plus, de nos jours, c'est bien celui de Goldorak... Ce furent 74 épisodes qui ont été diffusés en France à l'époque, bien avant l'avènement des dessins animés japonais et des mangas dans notre pays. Goldorak est une série qui a été créée et imaginée par Go Nagai, et qui aura marqué à vie toute une génération de téléspectateurs, qui n'avait rien de comparable à se mettre sous les yeux à l'époque.

Et les enfants d'alors ont bien grandi depuis, et certains d'entre eux sont devenus des auteurs de bande dessinée de renom. C'est le cas de Xavier Dorison, Denis Bajram, Brice Cossu, Alexis Sentenac et Yoann Guillo. Ces derniers ont pris leur plus belle plume pour adresser un courrier au fameux Go Nagai... Le talent et les éditions Kana ont fait le reste, au fil des années, temps qu'il aura fallu pour réaliser cet album, pour notre plus grand bonheur...

Car les auteurs susnommés ne sont pas les premiers venus, dans le monde de la BD franco-belge. On leur doit, de façon séparée et dans un désordre complet, des séries comme Universal War One, Frnck, Long John Silver, Siberia 56, Le Troisième Testament, et j'en passe. Du lourd. Al est venue de traiter ce nouveau Goldorak en gardant intacts les souvenirs qu'il aura pu nous laisser, mais aussi en respectant les caractères des personnages, tout en imaginant ce qu'ils sont devenus, une bonne dizaine d'années après avoir vaincu les armées de Vega, Minos, et le grand Stratéguerre...

Ainsi, tout commence avec un vaisseau qui décolle de la Lune, et qui envoie un terrifiant et redoutable Golgoth directement sur le mont Fuji... Les dégâts sont importants, mais bien moins que ce qui arrivera lorsque le Golgoth en question arrivera sur Tokyo. Et c'est justement dans cette ville que l'on retrouvera Vénusia, devenue une interne en médecine, et Alcor, qui est devenu un homme richissime, en faisant fructifier énormément d'argent.

Les deux protagonistes en question ne se sont pas vus depuis bien longtemps. Mais l'arrivée du Golgoth va tout changer, d'autant qu'ils ne pourront pas compter sur Goldorak pour défendre le pays. Actarus est parti avec Goldorak et Phénicia, sur la planète Euphor, et il n'a plus donné de signe de vie depuis. Alors, les humains, notamment les Japonais, vont devoir se débrouiller seuls. Autant dire que l'échec sera vite cuisant, devant un Golgoth qui semble le plus puissant jamais rencontré...

Bientôt, le parlement japonais est pris d'assaut, et c'est Yros d'Arkhen, général de la division Ruine, qui se met à parler. Celui qui a été missionné par le Grand Stratéguerre vient proposer la paix aux humains. A la condition qu'ils quittent totalement le Japon, pour permettre aux survivants de la planète mourante Stykadès d'avoir un endroit où vivre. L'ultimatum prendra fin dans sept jours terrestres. Une situation intolérable pour l'armée japonaise, qui ne supporte pas de devoir quitter le pays, et qui sait parfaitement où se trouve Actarus, aujourd'hui...

L'idée n'est pas d'en dévoiler plus ici, afin d'éviter tout spoil inutile, mais de parler du travail des auteurs. D'abord, Xavier Dorison et Denis Bajram, tous deux au scénario, sont totalement parvenus à respecter l'esprit de cette série, en transposant des personnages une décennie plus tard, à notre époque actuelle. Le mélange des genres est maîtrisé et réussi, et c'est un véritable bonheur de retrouver ces personnages qui ont bercé nos enfances. Le ton est parfaitement juste et fait mouche à chaque fois, puis l'action est de la partie, avec un rythme là encore impeccable. On apprend des choses sur les personnages, sur leurs relations, et on découvre peu à peu pourquoi Actarus est revenu d'Euphor, et pourquoi personne n'est au courant, pas même le professeur Procyon...

Et puis, il y a les dessins, là encore absolument magnifiques. Brice Cossu et Alexis Sentenac ont mis toute leur passion dans ces planches, et Yoann Guillo a fait de véritables miracles à la couleur. C'est beau, détaillé, flamboyant même par moment. Des personnages anciens sont parfaitement remis au goût du jour, avec des clins d'œil au passé, d'anciennes références, qui sont savamment distillées et bienvenues. Mention spéciale au Mazinger Z qui pendouille sur le portable de Vénusia...

Les éditions Kana ont vraiment permis la réalisation d'un album magnifique, qui parlera à bien des fans de cet incroyable robot, en faisant revivre des répliques cultes comme ce "Goldorak, Go !", ou encore les fameux Cornofulgure, AstéroHache ou FulguroPoing... C'est traité avec énormément de respect et d'intelligence, tout en étant remis au goût du jour, par des auteurs qui ont largement fait leurs preuves avant. C'est à posséder absolument, et à mettre entre un maximum de mains. Tout simplement.