Les Chroniques de l'Imaginaire

Go West Young Man - Oger, Tiburce & Collectif

La conquête de l'Ouest... Voilà une aventure humaine qui aura donné naissance à bien des livres, bien des films, bien des bandes dessinées. Le western est un univers vaste à lui seul. Il peut couvrir bien des endroits, le plus souvent aux Etats-Unis, et également bien des époques, entre l'élimination des Indiens d'Amérique et la chasse aux desperados...

Justement, Tiburce Oger a tout fait pour couvrir un large panel de situations, d'époques, en ayant fait appel à nombre de dessinateurs de talent. Leur fil rouge, outre celui de rester dans l'univers du western, est de suivre une montre à gousset, en or, qui voyagera de main en main, de personnage en personnage, de famille en famille... Les changements de mains se font le plus souvent dans le sang, mais pas uniquement, et c'est cette montre qui va être le personnage principal de ce recueil, qui est une véritable ode au western.

Ainsi, c'est Paul Gastine, à qui on doit notamment Jusqu'au dernier, un one-shot déjà dans l'univers du western, qui ouvre et qui clôture le bal de l'ensemble des scènes qui vont s'enchaîner ici. Tiburce Oger a su parfaitement s'entourer : c'est Enrico Marini qui a tenu à participer en signant une couverture marquante, du plus bel effet, et les récits seront signés, dans l'ordre, par Patrick Prugne, Olivier Taduc, Benjamin Blasco-Martinez, Ralph Meyer, Félix Meynet, Dominique Bertail, Hugues Labiano (avec des couleurs de Jérôme Maffre), François Boucq (avec des couleurs de Jack Manini), Eric Hérenguel, Michel Blanc-Dumont avec Steve Cuzor et Tom Cuzor, Christian Rossi, Michel Rouge et Corentin Rouge, et enfin Ronan Toulhoat.

La liste des auteurs est ainsi tout simplement impressionnante, et c'est un vrai plaisir de découvrir les planches imaginées par les uns et les autres, avec toujours cette montre qui passe de main en main, de sa découverte en Pennsylvanie en 1763, jusque cette petite scène au Nouveau-Mexique en 1938. Ainsi, c'est à un formidable voyage que Tiburce Oger nous convie, sur bien des états américains, et sur une période de cent-soixante-quinze ans, pas moins.

Chaque récit fait l'objet d'un travail de fourmi, avec des planches véritablement magnifiques et travaillées, dans lesquelles on reconnaît la patte artistique de chacun des protagonistes cités plus haut. Les couleurs sont superbes, pour chacune de ces histoires : chacun des auteurs s'est donné à fond dans ce projet, et cela fait véritablement plaisir à voir. Le fil rouge imaginé par Tiburce Oger est un procédé intelligent, qui permet un passage de relais efficace entre chaque scène, et auquel on s'attache, forcément.

Ce one-shot qui paraît chez Grand Angle, Go West Young Man, est un tour de force qui réussit complètement son pari. Après un one-shot comme Jusqu'au dernier, Grand Angle parvient à sortir un nouvel ouvrage qui est plein d'amour pour ce genre du western, qui voit encore de belles lettre de noblesse être écrites, dans le monde du Neuvième Art. Un livre très soigné, qui devrait trouver un large public, et qui permettra à une jeune génération de découvrir un genre qui est bien loin d'avoir exploré toutes ses possibilités.