Kylian est un enquêteur. Un vrai de vrai, qui a grandi en banlieue, et qui a apporté des solutions à bien des enquêtes. Mais il y a une enquête sur laquelle il a coincé, avec sa collègue enquêtrice. Une sale affaire qui date d'il y a trois ans : une joggeuse a disparu dans les bois proches de chez elle, alors qu'elle allait y faire son footing. Depuis, rien : le corps n'a pas été retrouvé, et toutes les pistes ont été balayées, sans aucun résultat.
Le pire, pour Kylian, c'est qu'il est tombé amoureux de l'enquêtrice avec laquelle il a enquêté sur cette affaire, qui n'est d'ailleurs toujours pas clôturée. La collègue en question a elle aussi la tête dans cette enquête. Cela l'obsède, même : elle a loué une maison à l'écart du centre-ville. Une maison dans un lotissement, avec pour voisins des petits vieux et des petites vieilles qui ont pour seule occupation apparente de promener leur chien en lisière de la fameuse forêt. Une maison qui a appartenu à Lucie, la joggeuse disparue, il y a trois ans...
Alors, l'enquêtrice en question poursuit son enquête, quand elle le peut. Cela continue de l'obséder, et elle éconduit d'ailleurs régulièrement Kylian, qui continue de la draguer... Dans les bois, elle rencontre régulièrement un homme qui est là pour écouter les oiseaux, en fonction de leur migration. Un homme qui a forcément été soupçonné, à l'époque, et qui était trop bourré, apparemment, pour donner des indices qui auraient peut-être pu faire avancer l'enquête...
Et puis, il y a la mère de la victime, qui vit maintenant également dans une tente, dans les bois où sa fille unique a disparu, il y a trois ans. Une mère qui dit continuer à entendre sa fille, dans les arbres alentour. Elle n'est d'ailleurs pas la seule à le dire, puisque les petits vieux avec leurs chiens disent continuer à l'entendre également... De quoi se poser encore bien des questions, tout en gérant une situation qui devient de plus en plus complexe, avec Kylian...
C'est à Jean-Christophe Chauzy et Anthony Pastor, à qui on doit respectivement les récents Le reste du Monde et La vallée du Diable, que l'on doit ce one-shot, Par la forêt, qui est édité par Casterman. D'emblée, on est saisis par la beauté froide des dessins et des couleurs de Jean-Christophe Chauzy. L'ambiance est glauque, volontairement bien entendu : le sujet est lourd et le nécessite, et l'immersion par le graphisme et les couleurs est tout simplement parfaite, pour ce qui ressemble à un thriller psychologique.
D'ailleurs, les dessins se suffisent souvent, avec un rythme maîtrisé et le découpage qui va avec. Par la forêt met en avant des dialogues courts et ciselés, des expressions très convaincantes, pour raconter cette histoire, parfaitement imaginée par Anthony Pastor. La désolation n'est pas loin, et c'est avec plaisir qu'on tourne, à un bon rythme, les quelques cent-soixante planches qui composent cet album.
Ce Par la forêt est un petit bijou narratif, réhaussé par une ambiance glauque et grinçante à souhait, et des personnages franchement convaincants. Il ne sera en outre pas avare de surprises, et de taille... A mettre entre toutes les mains d'amoureux de polars et de thrillers, ou de moins amoureux du genre, simplement désireux de passer un très bon moment de lecture avec ce one-shot maîtrisé de bout en bout.
