Philip K. Dick appartient à ce groupe restreint d'écrivains de science-fiction dont l'œuvre est à la fois si vaste (des dizaines de romans et centaines de nouvelles) et focalisée sur une poignée de thèmes récurrents (l'humanité, la réalité, la religion, les psychotropes) que son seul nom suffit pour désigner une vision très particulière du monde, entre paranoïa et espoir
L'ABC Dick est, comme son titre le laisse entendre, organisé sous la forme d'un dictionnaire. Chacune de ses soixante-dix neuf entrées est consacrée non pas à un texte de Dick en particulier, mais à un grand thème de son œuvre (l'humanité, la réalité...), ou bien à des éléments récurrents dans ses écrits (les robots, les extra-terrestres...), ou encore à des sujets d'actualité (les fake news, le réchauffement climatique...) sur lesquels Ariel Kyrou estime que la lecture d'un auteur pourtant mort en 1982 peut encore nous apporter quelque chose aujourd'hui.
Je vais faire court : je n'ai pas du tout apprécié ce livre. J'ai eu tout du long le sentiment que, pour l'auteur, Philip K. Dick n'était que le prétexte à des déblatérations plus ou moins inspirées sur des sujets dans l'air du temps, des sortes de billets de blog dans lesquels il exprimera tour à tour son opinion sur le capitalisme, la pandémie de Covid-19, le terrorisme islamique, la présidence de Donald Trump ou l'interdiction de fumer dans les lieux publics, le tout en invoquant en note de bas de page des philosophes tels que Hannah Arendt, Paul Virilio, Jean Baudrillard ou bien Ariel Kyrou, car oui, l'auteur se cite beaucoup lui-même, il parle très (trop) souvent à la première personne et ses opinions personnelles comptent bien pour la moitié du volume du texte.
Et pourquoi pas, après tout ? Mais moi, je voulais lire un livre qui parle de Philip K. Dick, et je me suis retrouvé avec un livre qui parle plutôt d'Ariel Kyrou, en fin de compte. Du coup, forcément, je suis déçu.