Les Chroniques de l'Imaginaire

Le dernier mot (Negalyod - 2) - Perriot, Vincent

Les choses ont bien changé, depuis la libération des cités, et des incroyables réserves d'eau qu'elles possédaient... A présent, bien des villes sont ravagées par les explosions nucléaires, qui libèrent immédiatement des orages ravageurs, qui inondent littéralement les montagnes environnantes... Les paysages désertiques laissent la place à des mers qui sont incontrôlables, et c'est l'eau qui recouvre l'horizon, à perte de vue, dans bien des endroits...

Jarri et Korienzé, eux, ont réussi à fuir et à se retrouver : à présent, ils aident les populations qui fuient les villes, et ils parviennent à fonder une ville mouvante, sur les eaux, appelée Andamanis. Une ville où il fait bon vivre, avec des hommes qui tentent de vivre en harmonie, et qui parviennent même à maintenir en état ce qui deviendra une forêt, où toutes sortes de plantes et de légumes peuvent enfin pousser.

C'est dans cette ville que Korienzé finit par tomber enceinte : des échanges doux ont lieu entre Jarri et sa femme, à propos du futur prénom du bébé. Et c'est seize années plus tard qu'on retrouve Jarri à Andamanis. L'homme y est en compagnie de ses deux filles, Naneï et Ariana. Korienzé n'est plus dans les murs de la cité, et pour cause : elle travaille maintenant pour un homme cruel, capitaine de ceux qui devraient être les derniers humains, avec son fils Elio. L'homme est aux commandes d'un immense vaisseau, qui est alimenté avec les squelettes de ses ennemis, à défaut d'autre chose...

Ce second tome de Negalyod est un véritable monument de travail. On se retrouve littéralement plongés dans un univers graphiquement parfaitement travaillé, avec des ambiances différentes dans ce second tome. Les paysages désertiques ont laissé la place aux océans et aux créatures marines qui les peuplent, tout en restant toujours dans un côté préhistorique, comme cela était déjà le cas dans le premier tome, qui est sorti il y a plus de trois ans maintenant.

Si l'univers est travaillé, avec un récit convaincant, aux messages écologiques évidents, il est vraiment magnifié par les dessins de Vincent Perriot. L'auteur de Taïga Rouge, ou encore de Paci, nous sert un dessin fabuleux tout au long de ces près de deux-cent pages. Il n'est pas rare qu'un propos soit appuyé par un dessin minutieux et plein de détails sur deux pages, avec ce trait qui est directement issu des séries d'un certain Moebius, alias feu Jean Giraud...

Il ne fait nul doute que les couleurs de Florence Breton, coloriste de Jean Giraud, ne sont pas étrangères à cette impression immédiate pour les connaisseurs du défunt dessinateur phare : les couleurs ne font qu'un avec le dessin, et sont au service du récit, véritablement. De quoi donner une force incroyable aux messages qui sont ici passés... On s'attache aux personnages, forcément, et on est régulièrement emportés par des paysages et des dessins en pleine page qui sont de toute beauté, et qui rendront au passage les relectures séduisantes, sinon obligatoires.

Negalyod est une série incroyable qui paraît chez Casterman. A croire que Moebius renaît à travers les crayons de Vincent Perriot et les couleurs de Florence Breton : vivement le prochain tome !