Martin Scorsese a grandi dans le quartier de Little Italy, à New York. Enfant asthmatique et chétif (adulte il ne dépassera pas 1m63) il n’a que deux passions quand il est enfant : le cinéma où il va régulièrement avec son père, et la religion. Il assiste aux offices tous les dimanches et sera même durant un temps enfant de chœur. C’est dans les salles obscures qu’il va développer son goût pour le cinéma et décider de devenir réalisateur.
Il obtient une maîtrise de cinéma et enseigne pendant deux ans avant de déménager à Hollywood. Après avoir été écarté du montage du film sur Woodstock, il tente de percer par ses propres moyens dans le monde du cinéma. C’est alors qu’il fait la rencontre de De Niro et qu’ils tournent ensemble Taxi Driver, le film qui sera palme d’or au Festival de Cannes en 1976. C’est le début de la carrière prolifique du réalisateur qui comporte des longs métrages, des moyens et courts métrages, des documentaires avec même une incursion dans le monde de la musique en réalisant le clip Bad, de Michael Jackson.
Quand en 1988 La dernière tentation du Christ voit le jour, c’est un tollé général dans la société catholique. Sans avoir vu le film, les bien-pensants fustigent l’histoire que veut raconter Scorsese, et celui-ci fera même l’objet de menaces de mort. Il sera sous protection rapprochée pendant plusieurs mois, en particulier après qu’un cinéma parisien ait été incendié.
Pour chacun de ses projets, Scorsese est obligé de se battre afin de trouver les financements dont il a besoin, et c’est un des gros sujets abordés tout au long de ce livre.
Nous avons donc là un roman graphique massif qui s’attaque à un monument souvent controversé du cinéma américain. L’auteur parle assez peu de la vie privée du cinéaste pour se focaliser sur la réalisation de ses projets qui sont souvent phénoménaux.
Je ne connaissais pas toute les œuvres de Scorsese et en découvrir la genèse a été pour moi plutôt intéressant. On comprend mieux pourquoi il a réalisé certains de ses projets, dont quelques-uns ont tourné à l’obsession pour lui (La dernière tentation du Christ, Gang of New York), et on voit le cheminement d’un petit gars de New York vers les sommets du cinéma américain.
Du point de vue graphique, je suis assez mitigée. Certaines planches sortent du lot et sont très percutantes (toutes celles autour de Steven Prince sont excellentes par exemple), mais la plupart du temps je trouve les dessins moyens avec un souci majeur : à plusieurs reprises, on ne reconnait pas du tout les personnages qui sont représentés. La première apparition de Di Caprio par exemple est particulièrement ratée, ça pourrait être n’importe quel inconnu croqué dans un bar. En revanche, Weinstein juste à côté est très reconnaissable.
La mise en page manque parfois de dynamisme, et se révèle aussi brouillonne. Je pense par exemple aux pages où rien n’indique visuellement parlant qu’il faut continuer de lire sur la page de droite avant de revenir à la page de gauche pour la suite. J’imagine que c’est voulu, mais ça m’a sorti à chaque fois de ma lecture pour comprendre comment je devais lire ces passages.
Du côté éditorial, des mots manquent dans certaines bulles de dialogue, et il y a quelques fautes d’orthographe qui traînent.
Cependant, le livre dans son ensemble n’est pas mal du tout. On sent que l’auteur aime Scorsese et qu’il a travaillé son sujet pour nous livrer un roman graphique assez honnête avec des moments percutants.
J'attends de voir les deux autres volets qui sont prévus par l'auteur, toujours dans le monde du cinéma.