Les Chroniques de l'Imaginaire

Les dynamiteurs - Whitmer, Benjamin

Denver, 1895. Le vice s'étend partout dans les rues de la ville, minée par la pauvreté et la violence. Deux jeunes orphelins, Sam et Cora, ont pris sous leurs ailes une bande d'enfants abandonnés et tentent, tant bien que mal, de les protéger des menaces qui rôdent aux alentours de leur abri de fortune, une ancienne usine désaffectée. 

Une nuit, lors d'une nouvelle attaque, un gaillard défiguré leur apporte une aide inespérée, au prix de graves blessures que Cora va soigner de son mieux. Une tâche d'autant plus difficile que l'homme demeure muet et ne communique que par des mots qu'il griffonne sur un carnet. Sam, le seul qui ait appris à lire, se rapproche de lui à cette occasion, sans se douter un seul instant de ce qui l'attend par la suite. 

Il se retrouve alors embarqué dans le monde licencieux des bas-fonds, entre expéditions punitives et lynchages publics. Un aperçu express de l'univers honni des adultes, qui le fascine autant qu'il le repousse. Son entourage a beau le mettre en garde, à jouer avec le feu, il va progressivement consumer son innocence et s'éloigner insidieusement de Cora.

Quelle histoire, mais quelle histoire ! J'avais lu nombre d'éloges sur l'auteur, ainsi que de bons retours sur cet ouvrage, mais je ne m'attendais pas à être autant secouée. C'est clairement l'une de mes meilleures lectures de l'année !

Une histoire d'amour tragique à couper le souffler en plus d'un roman noir initiatique bouleversant. Je ne suis pas prête d'oublier ni ces lieux (l'Abattoir, l'Usine, la rive de la Platte), ni ces personnages avec leurs noms si caractéristiques (Goodnight, les Pinkerton, les Crânes de Nœud). 

Ce livre m'a fait l'effet d'une déflagration en plein cœur. C'est âpre, rugueux, poisseux, explosif. Chaque page vous happe, vous êtes sonnés, déchirés. Vous sentez le fer, le soufre, la terre, le sang et vous priez pour que la corruption cesse et que la violence préserve ces enfants laissés-pour-compte.

Hélas, rien ne leur sera épargné. Ni la misère, ni la domination, ni la déchéance, ni la perversité dans cette Amérique d'une noirceur abyssale. Soyez-prêts, mais lisez-le !