Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Chien du Forgeron - Leboulanger, Camille

Dechtire, soeur du roi Conchobar Mac Nessa, refuse de coucher avec son mari, le vieux Sualtam. Quand même son frère insiste pour qu'elle accomplisse son devoir conjugal, elle disparaît. A son retour, longtemps plus tard, elle raconte une étrange histoire d'enlèvement par une bête surnaturelle, qu'elle transmettra ensuite à son fils.

Est-ce d'avoir cru à cette histoire ? Est-ce d'avoir été témoin de l'hostilité entre sa mère et son époux ? Est-ce du fait de sa taille et de sa force, qui le font craindre des autres enfants de Muithemme, où il grandit ? Est-ce à cause de ses attaques de ce qui ressemble à de l'épilepsie ? Ou est-ce la conjonction de tout cela qui fait de l'enfant Setanta ce qu'il est, et surtout ce qu'il sera : le Chien du Forgeron, Cuchulainn.

L'auteur décortique dans ce roman habile les éléments qui composent une légende. L'habileté réside principalement dans le fait que son héros n'en est pas vraiment un : certes, le conteur rapporte les hauts faits pour lesquels il est surtout connu, mais il décrit aussi ses faiblesses et ses zones d'ombre, et surtout ses échecs, car au final il ne restera rien du Chien du Forgeron. Il montre ainsi que celui qui raconte l'histoire est le plus important, car c'est lui au final qui décide du destin de ceux qui combattent. En cela, ce roman est de tous les temps, mais aussi très moderne, si l'on songe au poids des médias dans notre monde.

Le revers de cette attirante médaille, c'est que l'on a des difficultés à comprendre pourquoi on se souvient encore du nom de Cuchulainn, du fait que ses exploits épiques sont finalement reliés à ce que l'on considère présentement comme des défauts de caractère, voire une maladie. Il n'en reste pas moins que pour qui voudrait aborder cette histoire sous un angle moderne, quitte à compléter la lecture grâce à la bibliographie fournie en fin d'ouvrage, ce roman est une histoire plaisante à lire.