Nous sommes en Egypte, au Caire plus précisément, dans un avenir proche. La ville est le théâtre d'affrontements sanglants, et nul ne se doute de l'endroit d'où sévit une équipe de snipers qui nettoie régulièrement l'Est de la Capitale. C'est depuis la tour du Caire, pourtant, la plus haute de la capitale, qu'Ahmad Otared réussit à faire régulièrement des tirs qui font mouche...
Mais la mission en haut de la tour est sur le point de se terminer, pour Otared. Cela fait des mois qu'il est en haut de cette tour, à supporter la pression, l'indicible, le regard des victimes qui comprennent qu'elle vont être shootées dans la seconde. Les visages qui explosent. Otared a supporté cela, et voilà qu'il redescend dans la rue, qu'il cache son arme, dans l'idée de pouvoir la retrouver facilement. Alors, Otared retrouve les odeurs, se rend compte de ce que Le Caire est devenu, depuis que l'Armée de Malte a pris le pouvoir, peu à peu, dans une Egypte laissée à l'abandon par ses dirigeants.
Pour Otared, maintenant, il va falloir traverser la ville, avec des passages bien glauques, afin de retrouver celle dont il a été un jour amoureux. Et c'est dans un quartier où la prostitution fait des ravages qu'il va orienter ses recherches, pour retrouver une femme exsangue, qui va à peine le reconnaître. Une femme qui a, là encore, vu bien trop d'horreurs...
On suit ainsi plusieurs personnages, entre Ahmad Otared, qui souhaite soulever le peuple contre l'envahisseur, et cet homme qui vient de recueillir une petite fille, et qui parcourt les morgues de la ville pour retrouver le père de cette dernière... Des centaines de cadavres à contempler, et des odeurs insoutenables, pour finalement reconnaître son père, après plusieurs jours.
Nous sommes là sur un roman de science-fiction de Mohammad Rabie, qui paraît chez Actes Sud. L'opportunité de découvrir la plume d'un auteur égyptien, qui va raconter l'apocalypse qui fait suite au printemps arabe de 2011. Trois saisons en enfer est un roman à l'atmosphère poisseuse. Glauque même, et parfois insoutenable, comme cette première scène cauchemardesque vécue par un Ahmad Otared plus jeune.
Et c'est avec beaucoup d'interrogations qu'on pousuit ce déchaînement de violences, avec des descriptions bien retranscrites. On a du mal à voir où l'auteur souhaite nous emmener, au fur et à mesure de la lecture, et on finit clairement par se lasser, d'ailleurs bien avant que la science fiction ne survienne, de façon au passage bien peu convaincante.
Je ne suis personnellement pas parvenu à entrer dans cette histoire, qui démarrait pourtant parfaitement, presque comme un thriller à la sauce égyptienne, sur fond d'Histoire égyptienne contemporaine réaliste. Il n'en sera rien, malheureusement.