Les Chroniques de l'Imaginaire

Dans la gueule de l'ours - McLaughlin, James A.

Rice Moore est garde forestier dans une réserve privée des Appalaches. Son rôle est d'empêcher toute intrusion de chasseurs pour préserver cette forêt primaire et les animaux sauvages qui y vivent. Si Rice se retrouve au fin fond de la Virginie, ce n'est pas que pour son travail, mais aussi pour se cacher d'un cartel mexicain qui cherche à l'éliminer. Il traîne derrière lui un lourd passé fait de violences, de trafics et de prison. Pour lui, être au milieu de nulle part, c'est un choix et une nécessité. Tout est plutôt calme pour lui, jusqu'au jour où il découvre la carcasse d'un ours à qui on a coupé les pattes et retiré la vésicule biliaire. Rice décide alors d'enquêter pour savoir s'il s'agit d'un acte isolé ou d'un braconnage organisé autour d'un trafic de vésicules qui valent de l'or sur le marché noir.

Notre héros va se heurter à l'hostilité des chasseurs du coin et affronter une famille qui semble à l'origine de l’agression de celle qui occupait le poste avant lui. Rice va chercher à se fondre le plus possible dans la nature sauvage qui l'entoure pour traquer les tueurs d'ours, quitte à en perdre parfois la raison.

James A. McLaughlin nous livre une véritable ode à la nature sauvage. Il excelle dans ses descriptions de la forêt, des paysages et de la faune. En lisant ces passages, on n'a qu'une envie : être à la place de Rice et déambuler au milieu de cette nature grandiose. Dans ce roman, l'auteur nous fait nous interroger sur notre place dans ce monde et le rôle que l'homme joue sur l'évolution de la nature. C'est elle le véritable personnage principal de ce polar, belle, généreuse mais aussi dure et mystérieuse.

L'intrigue prend son temps pour se mettre en place et ce n'est que petit à petit que nous en apprenons plus sur le passé de Rice, grâce à quelques flash-back savamment distillés pour laisser planer le suspense sur ce qui l'a amené à se cacher dans cette région. C'est comme une sorte de rédemption pour lui de retrouver les braconniers, une obsession qui l'amène à la limite de la folie et lui permet de peut-être oublier son passé.

La tension va crescendo grâce à quelques scènes violentes entre des moments de parfaite osmose avec la nature. Les personnages secondaires et les retours en arrière donnent de l'épaisseur au récit, ceux-ci nous éclairent sur la violence du personnage principal, qu'il tente de garder bien enfouie au fond de lui.

Même si parfois il y a quelques longueurs, cela reste un bon polar qui a l'originalité de se situer un pleine nature sauvage. Cela nous permet aussi de découvrir cette région des États-Unis et le genre d'habitants que l'on peut rencontrer dans ces contrées perdues. Ce roman est un thriller écologique qui n'oublie pas les codes du genre et mêle plusieurs intrigues qui nous emmènent dans leur sillages.