Les Chroniques de l'Imaginaire

Les deux tours (Le Seigneur des Anneaux - 2) - Tolkien, J.R.R.

La quête du Porteur de l'Anneau se complique. Les circonstances ont privé Frodo de ses compagnons, à l'exception du fidèle Samsaget et du suintant Gollum, mais ce n'est pas forcément pour lui déplaire. Après tout, son voyage vers le Mont Destin pour détruire l'Anneau Unique de Sauron a tout de la mission-suicide, alors c'est aussi bien s'il peut épargner un sort funeste à ses amis.

Ce n'est pas pour autant que lesdits amis sont bien mieux lotis : le vaillant Boromir est mort et n'a pu empêcher la capture des hobbits Merry et Pippin par les Uruks d'Isengard. Aragorn, Legolas et Gimli se sont donné pour mission de les sauver, mais les événements vont prendre un tour inattendu entre les plaines du Rohan et les frondaisons de Fangorn.

Voici la deuxième partie du Seigneur des anneaux dans sa deuxième traduction française. J'avais apprécié le travail de Daniel Lauzon sur La Fraternité de l'anneau, mais je l'avais trouvé un peu inégal : autant il s'en tirait mieux que Francis Ledoux pour reproduire le charme simple et rustique de la société et du parler hobbits, autant je l'avais trouvé moins bon dans les chapitres de la Moria et de la Lórien, où sa prose m'avait semblé plus plate, moins à même de refléter la grandeur fanée de ces deux endroits.

La lecture des Deux tours aura donc été une franche surprise, car mon opinion sur la nouvelle traduction de ce tome est à l'exact opposé de ce ressenti ! J'ai dévoré le Livre III en l'espace de quelques jours, alors qu'il m'a fallu plusieurs mois pour venir à bout du Livre IV. Alors que les Rohirrim et les Ents m'ont paru sonner très juste, j'ai eu un mal fou à avoir envie de suivre Frodo et Sam dans leurs aventures au cœur des paysages les plus mornes de la Terre du Milieu. Certes, c'est toujours la partie du roman qui m'a le moins passionné, mais même ainsi, je n'ai pas souvenir d'avoir été autant barbé par les Marais Morts ou l'Ithilien chez Ledoux. Heureusement, l'intensité des derniers chapitres m'a permis de refermer le livre avec une bonne impression, et j'ai trouvé le Gollum de Lauzon bien plus proche de l'original dans sa sournoiserie et son ambigüité.

Dans l'ensemble, je reste convaincu que cette deuxième traduction n'a pas à rougir comparée à la première, surtout lorsqu'on prend en compte la correction des nombreuses coquilles et erreurs que cette dernière présentait. La musicalité retrouvée des poèmes et chansons est aussi un gros avantage.