Le Doge recherche toujours activement sa nièce Saria, en possession des Trois Clés qui peuvent ouvrir sur le Paradis, les Enfers ou le Néant. Avec une telle puissance à sa disposition, nul doute qu'il pourrait imposer sa volonté à Venise, dont le peuple a eu le mauvais goût de lui préférer la Dyle des Forçats pour la gouvernance de la cité dans les douze prochaines années. L'heure est au coup d'état et à la violence.
Saria s'est mise hors de portée du Doge et de ses soldats fascistes en franchissant la Porte de l'Ange avec une Clé au hasard : elle est arrivée aux Enfers, où elle a affronté l'ange Galadriel. La voilà de retour, transformée, et décidée à nouer une alliance avec la Dyle.
Plus de huit ans que l'on attendait pour découvrir la conclusion épique de la trilogie de Jean Dufaux, illustrée dans un premier temps par Paolo Serpieri mais dans les deux derniers tomes par Riccardo Federici. Le final paru au printemps dernier est à la hauteur des tomes précédents.
L'ambiance est toujours aussi sombre et malsaine, dans cette Venise post-apocalyptique où mécanique et organique se mêlent en monstruosités peu sympathiques. Les dessins sont très puissants et nous plongent profondément dans cette mélasse infame. Forcément, la noirceur se traduit aussi dans la colorisation, principalement à base de couleurs très foncées et de rouge sang. C'est sombre, très sombre, trop sombre même car on aimerait pouvoir apprécier des pages un peu plus agréables à l'œil, par moments. Même Saria, jeune femme lumineuse avec sa chevelure rousse éclatante, ressemble désormais à une démone aux sombres attributs. Mais forcément, cela va avec le scénario qui n'est pas franchement gai, nous faisant découvrir les travers de l'humanité.
C'est un ouvrage très fort aux illustrations exceptionnelles, mais à réserver à ceux qui aiment les histoires sombres et ont le cœur bien accroché.
Pour ceux que cela tenterait, la saga est également disponible en intégrale en une seul volume.
