Ancien psychiatrique au Centre, le narrateur y est maintenant patient. Les monstres de son enfance se sont agités, la perte de sa bien-aimée, une elfe, poussée au bord du gouffre et il n’a eu d’autres choix que d’être lui-même interné.
Alors que les méthodes utilisées au Centre évoluent, il autorise certains patients à s’exprimer librement dans son bureau. Il les appelle les « Monuments » et admire leurs décompensations poétiques. Il est cependant conscient de ne leur offrir qu’un bref sursis, l’effet dévastateur des nouvelles techniques sur leur mode de pensée et sur leur existence même n’étant qu’une question de temps.
Lui-même est poussé à évoluer lorsqu’il rencontre Lucy, thanatopractrice anorexique, qui est capable de choses singulières. Il découvre alors qu’il porte également d’autres types de monstres en lui.
Angélus des ogres reprend là où Monstrueuse féérie nous avait laissé. Comme dans l’opus précédent, on doit se fier à la parole du narrateur pour savoir ce qu’il se passe. Or, le narrateur est hanté par les souvenirs ravivés de son enfance traumatique et ses monstres et sa vision du monde est pour le moins singulière. Il est ainsi possible de prendre différents partis en cours de lecture : celui d’adhérer ou non à tous les éléments fantastiques. L’ensemble oscille donc entre un conte de fées horrifique et une réalité n’étant pas moins horrifique. Des réflexions sur la folie, les normes de pensées, la manière de traiter ce qui dévie de la référence, sont aussi au cœur du récit. Énoncées par le protagoniste, elles encouragent de manière assez intéressante à s’interroger sur ces questions. Le tout est déroutant, poétique, philosophique et sordide à la fois.
Je n’ai pas reconnu toutes les références à des contes, mais on navigue très bien dans le récit sans et il est satisfaisant d’en reconnaître. La nouvelle compagne du narrateur est un personnage particulièrement intéressant à cet égard, peut-être encore plus emblématique des contes de fées que ne l’était l’elfe. À travers leur relation, ce sont d’autres fragments du passé du protagoniste qui sont dévoilés et on croit comprendre plus clairement ce qui se joue en lui.
Pour résumer, Angélus des ogres est une suite dans la droite ligne de Monstrueuse féérie. Ceux qui ont apprécié ce premier ouvrage, qu’il est d’ailleurs sans doute indiqué d’avoir lu avant de passer à celui-ci, auront toutes les raisons de trouver ce nouveau récit à leur goût.