Ancien athlète et coach olympique, Tom McNab s'est inspiré d'une véritable course à pied à travers les États-Unis initiée en 1928, la Trans American Footrace, pour écrire une fiction autour d'un évènement sportif. Dans La grande course de Flanagan, l'organisateur est Charles C. Flanagan, un investisseur qui depuis des années saisit et joue sa chance. Son dernier pari ? Une grande course à pied en plusieurs étapes reliant Los Angeles à New York.
Nous sommes en 1931, la Grande Dépression a fait des ravages. Les gens ont perdu leur travail ; la faim, la misère et le chômage se sont infiltrés dans les foyers. Alors au départ de la course, ce sont des milliers de rêveurs qui s'agglutinent sur la piste de départ pour tenter de remporter le grand prix. Parmi ces rêveurs, beaucoup de sportifs du dimanche, peu voire pas entraînés. Mais il y a aussi de vrais athlètes, qui ont la course dans le sang. Et ce sont ceux qui se retrouvent dans la tente de Doc que nous allons suivre.
Doc est un des plus âgés. Toute sa vie, il a couru, à tous niveaux. Il a remporté des prix, perdu des titres. Avec les années, il a engrangé une expérience et une sagesse qu'il va dispenser aux autres participants. Il sera leur référent naturel. Il y a aussi l'Ecossais Hugh McPhail ; l'Anglais Peter Thurleigh, qui va peu à peu mettre de côté ses origines aristocratiques ; Mike Morgan, qui a pratiqué la boxe ; Juan Martinez, sur qui tout son village compte pour sa survie ; Kate Sheridan, la seule femme qui n'abandonnera pas.
Au fil des jours, très rapidement, cette course prend des airs d'aventure vers l'inconnu. Car non seulement on ne sait pas comment les corps vont réagir, si les classements vont être bouleversés, mais surtout Charles C. Flanagan va devoir faire face à des obstacles inattendus. Car des personnages haut placés veulent lui mettre des bâtons dans les roues et ne vont rien lui épargner. La grande force de Flanagan, c'est que c'est un parieur avide d'argent et de gloire, mais qu'il n'a pas oublié une chose : son cœur est resté bien à sa place. Les participants vont se tenir à ses côtés et se serrer les coudes pour que la course aille jusqu'au bout, malgré les embûches.
Plus qu'une simple histoire de course à pied, c'est une aventure humaine extraordinaire qui se joue sous nos yeux. Au fur et à mesure du roman, des chapitres entiers sont consacrés aux personnages principaux pour que nous sachions qui ils sont, d'où ils viennent, ce qui les a poussé à être là, pourquoi ils le font. Chacun est riche d'une histoire personnelle qui fait bouger les lignes et en fin de compte, on aimerait qu'ils gagnent tous.
Malgré ses six-cent-quarante pages, La grande course de Flanagan fait partie de ces romans qui se dévorent avec délice sans qu'on ne voie le temps passer. Il y a des personnages forts, un suspense digne d'un thriller, des émotions en tous sens et une écriture remarquablement maîtrisée. Il y aussi une peinture sociale criante de vérité qui transparaît tout au long du récit, celle qui pousse ces participants à traverser le monde dans l'espoir de gagner.
Merci aux éditions J'ai Lu d'avoir eu la très bonne initiative de remettre ce titre culte en avant !