Accompagnée du fidèle homme-sanglier Hoggni, la fille des étoiles Varka s'est éloignée des vallées peuplées pour protéger Kélia, la fille qu'elle a eue de Kelt. Celui-ci n'est plus là, mais reste omniprésent dans sa mémoire. Varka va faire de son mieux pour élever la fille du diseur-de-mots, qui développe un intérêt pour la corde et devient danseuse de corde, maîtrisant l'équilibre à la perfection.
Les années passent, et les conquérants ne restent pas inactifs. Malgré un revers de taille, Slegur mène guerre sur guerre et soumet une à une les commanderies de la péninsule du Sanglier. Affirmant vouloir propager le culte de l'Unique dans les territoires conquis, il a le soutient de l'Inspiré Kredfast et surtout de la hartlee Elhyora, qui manoeuvre pour obtenir toujours plus de pouvoir pour elle et ses trois fils et s'impose elle aussi comme une figure centrale des temps nouveaux.
Face à ces bouleversements, que fait l'Axe-Divin, garant de l'équilibre du monde ? Rien. Les jumeaux semblent indifférents au chaos qui s'annonce. L'espoir viendra peut-être d'Eikin, un enfant qui présente toutes les caractéristiques de l'Absolu, à la fois homme et femme. Il sera le prochain Axe-Divin. Mais pourra-t-il empêcher les Uniciens d'imposer leur dieu Unique à la place des millions de divinités adorées jusque là ?
Danseuse de corde conclut le diptyque de La lyre et le glaive. Si j'ai retrouvé avec intérêt l'univers foisonnant, j'avoue que j'aurais apprécié un rappel des événements passés et surtout une liste détaillée des personnages, pour les resituer. Une carte aurait également été bienvenue, car on se balade pas mal dans ce tome. Cela étant, j'ai quand même raccroché au bout d'un moment et je me susi replongée dans cette histoire avec grand plaisir.
Le roman alterne les points de vue de multiples personnages, sautant sans cesse de l'un à l'autre. Cela permet de bien comprendre la situation globale, mais moins de s'attacher aux différents protagonistes que l'on ne suit jamais assez longtemps. Si le titre du roman met en avant Kélia, de même que la présentation éditeur qui révèle qu'elle "sera amenée à jouer malgré elle un rôle décisif dans le basculement du monde", elle ne fait pas partie des personnages les plus suivis au début. La première moitié du roman se consacre en effet à la sphère politique/guerrière et s'intéresse particulièrement aux puissants et à leurs conflits internes et intrigues retorses, plus qu'aux petites gens.
Ce n'est que quand les ambitions des partisans de l'Unique portent la guerre contre l'Axe-Divin que l'on retrouve de moindres personnes au centre du récit. Face au fanatisme croissant de Kredfast, aux ambitions démesurées de Elhyora et ses fils, il est rafraichissant de voir certains lutter au nom de la connaissance ou de la liberté de pensée, refusant les honneurs. Kélia sera effectivement amenée à jouer un rôle central, mais un peu à son corps défendant car en fait elle ne comprend pas vraiment ce qu'elle est et les enjeux de ses choix.
De fait, j'ai trouvée la fin un peu trop rapide. Tous les différents fils se dénouent en un tour de main, alors qu'il me semblait y avoir la place pour de plus amples développements. Cela laisse une petite impression de pas assez, ou d'inutilité sur certains passages. Je ne suis pas non plus sûre d'avoir réellement bien démêlé les explications sur les dirses et leur monde, ce qui me laisse quelques menus regrets. Bref, le soufflé retombe d'un coup, alors qu'on en attendait davantage.
Cela étant, j'ai quand même beaucoup aimé ce diptyque, qui ne manque ni de profondeur ni d'action et est porté par une écriture à la fois soutenue et plaisante. Une belle découverte, à recommander aux amateurs de fantasy.
