Les terroristes n'ont plus le moindre scrupule, dans ce monde où la paix sociale vacille, et devient pour certains, de plus en plus, un lointain souvenir... Pour l'heure, c'est le zoo qui a été attaqué, avec des véhicules qui ont foncé dans la foule, faisant des victimes, des familles entières, des enfants, et ce sous les yeux d'animaux effrayés.
Mais aussi terrible l'attentat soit-il, il ne semble pas émouvoir plus que cela ce groupe de jeunes qui marche dans la forêt, pour bientôt entrer clandestinement dans un camps de réfugiés. C'est là qu'on retrouve Chunk et Rix, et également Pèche et Caro, deux copines qui sont habituées à aider les réfugiés. Et ce sera aussi l'occasion pour Caro de passer du temps avec Tayeb, peut-être la seule chose de bien dans son univers...
Car Caro n'en demeure pas moins une privilégiée, avec notamment un père qui enseigne à l'université. Enfin, il n'est pas certain que cela dure, car il aurait profité des faveurs de jeunes étudiantes, plusieurs fois, pour leur attribuer de bonnes notes. Des pratiques qui font tâche, surtout lorsque les mouvements féministes viennent investir l'amphi du prof en question, toutes caméras dehors...
Alors, Caro compte de plus en plus sur son groupe de copains, mais elle devient de plus en plus paumée. Chaque repas au domicile familial devient une véritable lutte, et il en devient de même avec son groupe de potes. Le monde devient de plus en plus sombre, et c'est à se demander si cela vaut le coup de continuer de lutter...
C'est un one-shot particulièrement sombre et glauque qu'on découvre là, avec Stéphane Hirlemann, l'auteur de L'homme sans sourire, ici à la fois au scénario et au dessin. Le désespoir est bel et bien omniprésent dans ce tome, où la jeunesse ne voit plus beaucoup de raisons de s'extasier. Et les couleurs en dégradés de gris exclusivement ne sont pas là pour tenter d'égayer le tableau.
Alors, oui, bien entendu, c'est diablement bien fait et traité avec de l'intelligence : les personnages sont crédibles dans leur rôle, avec ce suivi tout particulier sur Caro. Graphiquement, cela tient bien la route, avec du mouvement bien retranscrit, notamment dans les phases de fuite ou de baston contre l'ordre établi.
Mais bon sang que cela est noir : vous voilà prévenu, si vous cherchez de quoi vous évader de l'actualité anxiogène actuelle, autant ne pas vous tourner vers ce one-shot...