Trois nouvelles sont présentes dans l’édition papier de ce numéro : Svobod de Wilfried Renaut, La Télé s’invite chez vous de Nathalie Williams et Les glaces d’antan de Jean-Louis Trudel.
Dans Svobod, des humains tentent de survivre à leur lutte contre des androïdes. Les deux protagonistes humains principaux, Jorunn et Tilda, ont des conceptions différentes des relations à avoir avec les androïdes, surtout après qu’un énième raid ait dévasté les réserves de nourriture de leur clan. Elles rencontrent une colonie d’androïdes ne se qualifiant plus comme tels. Le style d’écriture est agréable, même si certains personnages peuvent être assez insupportables. Le tout est rondement mené, la chute donnant un indice de l’avenir de l’humanité.
Dans La Télé s’invite chez vous, la protagoniste découvre une fonctionnalité inattendue de sa télévision. A la fois drôle et sombre, cette nouvelle est un bon moment de divertissement.
Autre changement de décor avec Les glaces d’antan, qui nous emmène dans le Groenland méridional. Paul, un microbiologiste de la Fondation martienne, y est envoyé en mission de secours. Le déroulé est intéressant, même si l’on n’échappe pas au cliché de la méchante corporation.
L’édition numérique comporte trois autres nouvelles : Chronique de l’Émergence d’Emmanuel Lelore, Un dangereux idéaliste de VII et Ad aeternam de Jérémie Moënne-Loccoz.
Dans Chronique de l’Émergence, Danny, un technicien membre de la 8e brigade, se prépare à être cryogénisé à bord d’un vaisseau spatial monumental, dernier espoir du l’humanité. A la fin de son voyage, s’il n’aura presque pas vieilli, toute la famille et tous les amis qu’il aura laissé sur Terre seront morts. Une nouvelle oppressante, viscérale et au dénouement percutant !
Un dangereux idéaliste suit les pas de Manfred Rausse. Lorsqu’il entre dans une boutique pour trouver un gel colorant, il ne s’attend pas à devoir se défendre d’être un terroriste. Bien que cette nouvelle ne se situe pas dans notre monde, on peut aisément l’imaginer dans les heures les plus sombres du XXe siècle. Il s’agit sans doute de la nouvelle la moins SF du recueil, tout en restant efficace.
Dernière nouvelle de ce numéro, Ad aeternam : une capitaine de vaisseau spatial et poétesse est à la recherche d’un alter ego malgré l’habitude de célibat en vigueur dans sa profession. Oscillant entre poésie et sordide, cette nouvelle mobilise également les questions d’altérité et d’organisation inhumaine.
J’ai été surprise du nombre réduit de nouvelles par rapport aux numéros précédents. Toutefois, des articles touffus clôturent celui-ci et le dossier comporte deux nouvelles supplémentaires.
Ce numéro célèbre le centenaire de la naissance de Francis Carsac, auteur français et géologue décédé en 1981.
Le dossier comporte une introduction de présentation de l’auteur rédigée par Didier Reboussin, à l’origine de ce focus.
Dans Planète Carsac, Natacha Vas-Deyres et Jean Patrick Loiseau nous font le récit de la double vie de scientifique et d’auteur de SF de François Bordes alias Francis Carsac.
Suit ensuite une interview de Francis Carsac lui-même donnée en 1974, dont les propos ont été recueillis par Daniel Phi et qui permet de découvrir encore davantage l'homme derrière les écrits.
Noé Gaillard analyse lui l’un des écrits de Carsac, son roman, La vermine du lion.
On découvre la plume de l’auteur en direct dans sa nouvelle Sables Morts. La planète Mars se révèle un désert hostile pour un géologue, membre d’une expédition terrienne, dont l’engin tombe en panne à cinq mille kilomètres de la base. Il s’agit d’un texte bien choisi, plein de suspense, qu’on ne quitte pas avant de l’avoir fini et qui donne envie de découvrir davantage l’œuvre de son auteur.
Cette nouvelle de Francis Carsac est suivie d’une autre, Un coup de Grisou, cette fois de Didier Reboussin. Un homme mourant relate un événement marquant de son enfance, quand, jeune mineur, il survécut de manière énigmatique à une catastrophe majeure. Ce récit qui fait la part belle à la géologie, adopte des accents fantastiques mystérieux et captivants.
Une bibliographie de Francis Carsac clôt le dossier qui lui est consacré et permettra aux lecteurs curieux de ses travaux d’aller plus loin dans leur découverte de son univers.
Viennent ensuite les articles. Celui de Kawthar Ayed nous présente Nabil Farouk. Cet auteur égyptien prolifique décédé en décembre 2020 a été l’un des précurseurs de la SF en langue arabe, en remportant le premier prix de la Société Arabe Moderne en 1984. Kawthar Ayed nous dévoile les éléments structurants de ses œuvres, qu’elle caractérise d’« utopie militaire », dans une analyse très poussée.
C’est l’intersection entre science-fiction et jeu de rôle que nous présente plutôt Ranger GCG. Ce premier numéro de cette nouvelle série est consacré à Dune - Aventures dans l’Impérium, récemment adapté en français par les éditions Arkhane Asylum. Il comprend une description du jeu de rôle et de son test. Bien que ne connaissant personnellement rien aux jeux de rôle, j’ai trouvé ce test précis et détaillé, à même de satisfaire la curiosité des fans comme des néophytes et donc de se faire un avis sur ce jeu.
Le troisième volet de la chronique Séries-Graphies de Jean-Guillaume Lanuque souligne la place des héroïnes dans les séries de l’imaginaire. Il y est d’abord question de Cursed : La Rebelle, série arthurienne produite par Netflix sur la base d’un roman graphique de Frank Miller ; puis de Les 100, inspirée au départ par la trilogie de Kass Morgan. La chronique s’achève sur un interview de Céline Morin, maître de conférences en science de l’information et de la communication.
Dans Retours sur Rétrofictions de Pierre Stolze, il tient une promesse faite au défunt Joseph Altairac de publier une chronique d’envergure sur Rétrofictions, une encyclopédie de science-fiction (ou « conjecture romanesque rationnelle ») qu’il avait co-dirigée avec Guy Costes. Cette encyclopédie en deux tomes de 11 000 entrées analyse la science-fiction du Pantagruel de Rabelais en 1532 à la naissance des premières collections SF françaises Anticipation (Fleuve Noir) et Le Rayon fantastique (Hachette, Gallimard) en 1951. Tout en recommandant cette encyclopédie « prête au vagabondage », Pierre Stolze apporte des précisions sur certaines de ses entrées ou des souhaits de compléments.
Laurianne Gourrier coordonne pour la dernière fois Cahier Critique, dans lequel on y trouvera vingt-et-une critiques d’ouvrages récents, dont certains ont également été chroniqués sur notre site : Le Chien du forgeron de Camille Leboulanger, Les chiens et la charrue et Le cycle de Syffe de Patrick K. Dewdney, L’appel d’Am-Heh de Guy-Roger Duvert, L’œil du chaos de Jean-Marc Dhainaut, L’étrange pouvoir des calamités d’Hélène Le Bris, L’empire s’effondre de Sébastien Coville, Le Créateur de poupées et la Fracture de Nina Allan, Quality Land de Marc-Uwe King, Sauter des grattes-ciel de Julia von Lucadou, L’impératrice et le cartographe de Pierre Gévart, Les Tambours du dieu noir suivi de L’Étrange Affaire du djinn du Caire et Le Mystère du tramway hanté par Phenderson Djéli Clark, Dans les Profondeurs du temps d’Adrian Tchaikovsky, Numérique de Marina et Sergueï Diatchenko, Le Livre écorné de ma vie de Lucius Shepard, Plasmas de Céline Minard, Ainsi parle le dernier homme de Paul Martin Gal et Lovecraft, l’Arabe, l’horreur de Cédric Monget.
Les critiques ont été rédigées par Laurianne Gourrier elle-même, mais aussi par Claude Ecken, Jean-Guillaume Lanuque, Antoine Escudier, Jean-Michel Calvez, Jean-François Thomas, David Claes.
Enfin, dans sa rubrique cinéma, Jean-Pierre Andrevon nous donne son retour sur les sorties cinématographiques d’août et de septembre 2021 : Dune réalisé par Denis Villeneuve, Archive par Gavin Pothery, Voyagers par Neil Burger, Free Guy par Shawn Lévy, American Nightmare : sans limites par Everardo Gout, Réminiscence par Lisa Joy, The Suicid Squad de James Gunn, Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux par Destin Daniel Cretton, Old par M. Night Shyamalan, Escape Game 2 : le monde est un piège par Adam Robitel, Spirale par Darren Lynn Bousman, La Proie d’une ombre par David Bruckner, Malignant par James Wan, Kaamelott par Alexandre Astier et, Jungle Cruise par Jaume Collet-Serra.