Les Chroniques de l'Imaginaire

La fureur de la terre (Les Dieux sauvages - 3) - Davoust, Lionel

Les armées du dieu Aska, menées par le seigneur de guerrre Ganner, assiègent la ville de Loered. Plusieurs enceintes sont tombées, mais pour le moment le Verrou du fleuve tient. Mais à quel prix ? Les vivres manquent, la population est malade... La seule chose qui ravive l'ardeur des défenseurs, c'est Mériane, la Messagère du Ciel choisie par le dieu Wer. La jeune femme est sur tous les fronts et n'hésite jamais à donner de sa personne, stimulant la foi des combattants.

Hélas, Loered ne saurait résister infiniment aux troupes démoniaques des Enfants d'Aska, bien plus nombreuses et monstrueuses. Pour que la ville ait un espoir de survivre, il lui faut des renforts. C'est ce à quoi s'emploie le jeune prince Erwel, parti solliciter les seigneurs de l'Ouest réticents. Car si le Verrou du fleuve tombe, c'est toute la Rhovelle qui tombera et disparaîtra, c'est certain.

De leur côté, la mystérieuse Nehyr et son amie Chunsène sont également parties en mission, secrètement. Direction la Voie cachée où elles vont affronter Daphn, la Fille d'Aska. Et déterrer des reliques de l'ancien Empire d'Asrethia, des armes si terribles que même les Dieux les craignent...

Les Dieux sauvages auraient dû être une trilogie, puis une tétralogie, mais finalement il s'annonce plutôt une pentalogie... De quoi me refroidir nettement face à ces énormes pavés (plus de mille pages pour ce tome), et très honnêtement j'ai attaqué cette lecture à reculons, d'autant que j'avais pas mal oublié de l'intrigue depuis ma lecture du deuxième tome. Cela étant, la plume de Lionel Davoust est belle et agréable, ce qui fait que la lecture s'est avérée prenante. Je reste cependant sur mon impression que le récit aurait mérité des coupes, car il y a des longueurs dans ce tome intermédiaire atrocement long, relatant d'interminables affrontements.

Pourtant, il a aussi de la matière entre ces interminables affrontements. Les personnages se dévoilent. Notamment, les confessions arrachées à Nehyr éclairent peu à peu d'un autre jour le passé de l'Empire d'Asrethia et le conflit entre les Dieux "frères", des "Dieux" qui sont loin d'être aussi omniscients et aussi omnipotents qu'ils voudraient le faire croire. Leur usage de l'ancien artech ne peut que faire penser à la troisième loi de Clarke : "Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie".

En sujet de fond, le sexisme en Rhovelle, abordé à travers les exemples de Mériane la Prophétesse, de la princesse Lillemor qui a toujours été un esprit indépendant mais encore de la reine régente Izara et de sa fille Carila. La religion weriste n'accordait jusque-là aucune place à la femme, supposée par nature faible et corrompue, et prônait la supériorité masculine. La révélation de Mériane en tant que Héraut de Dieu, plutôt que de faire voler en éclats cette assertion, a l'effet inverse : la population se divise entre ceux qui ont foi en Mériane et ceux qui la prennent pour une falsificatrice. Parmi ceux-là, les plus nombreux hors de Loered, on assiste à une radicalisation : les femmes doivent rester voilées et sortir le moins possible, et surtout rester soumises à leurs pères ou époux. Le pire étant qu'elles-mêmes, proprement endoctrinées, souscrivent à ces règles affligeantes et se plient aux diktats de l'Eglise de Wer. Hum, cela ne vous rappelle rien ?

Jusqu'à présent, c'est le tome qui m'a le moins emballé, trop centré sur les combats. Je l'ai cependant lu avec plaisir. Mais je soupire un peu à l'idée des deux pavés qui vont encore venir avant de connaître le fin mot de l'histoire...