Griddine ne supporte pas l'idée de devoir quitter sa planète, et tous ses amis, de voir périr la civilisation qu'elle a toujours connue, parce que la Garmak, une entreprise multimonde, tentaculaire, a jeté son dévolu sur Titéo, le soleil du système où se trouve Gobo, la planète des Phaulnes. Mais il n'y a guère de choix, quand on a depuis des siècles fait celui de se limiter aux armes de jet non létales, face à des vaisseaux spatiaux.
Avec seize des siens, et son war-lizzard, Griddine embarque à bord du Pulsar de Hyanks, pour un voyage qui sera plus mouvementé que prévu. Beaucoup plus long, aussi.
Ce roman a quelque chose de très classique, évoquant Vance par sa description de mondes et d'humanoïdes ou autres sentients improbables. Il est néanmoins très actuel par sa dénonciation à la fois de la voracité et du manque de scrupules des grandes entreprises dévoreuses d'énergie. On y trouve également une critique féroce de la recherche d'immortalité, faite aux dépens de l'humanité. Curieusement, le personnage de Ien Eliki n'est pas si éloigné de Voldemort, et d'ailleurs ce roman où se regroupent tant de tropes de la science-fiction évoque la fantasy, dans la façon dont personne ne s'étonne jamais de quelque prouesse technique que ce soit, et où une "unilangue" bien pratique permet à tout un chacun de communiquer.
Heureusement, même si la beauté de la très féminine Griddine fera peut-être grincer quelques dents, elle n'a vraiment rien d'une demoiselle en détresse, au contraire. Heureusement aussi, l'auteur n'a rien perdu de la beauté précise de son écriture, qui fait passer le goût de déjà vu, sinon de caricature, de ce roman. Nul doute que pour un jeune lecteur, il constituera une lecture plaisante.
