Les Chroniques de l'Imaginaire

Le nécromancien (Johannes Cabal - 1) - Howard, Jonathan L.

Une dernière nuit d’avril, lors de la Walpurgisnacht, Johannes Cabal invoque un démon afin de se faire conduire directement en enfer. Mais vivant hein, pas mort ! Là il négocie avec Satan en personne. En effet, Johannes, en tant que nécromancien, a donné son âme au diable afin d’acquérir les pouvoirs de nécromancie dont il avait besoin pour mener ses expériences.

Mais tout le monde le sait, on ne peut pas récupérer son âme une fois qu’elle a été donnée, surtout au maître des enfers en personne. Mais comme Satan est joueur (et qu’il s’ennuie un peu, il faut l’avouer), il accepte un pari avec Johannes. Celui-ci a une année complète pour collecter cent âmes et lui apporter les contrats signés pour récupérer la sienne. Pour cela, il met à disposition de Johannes une fête foraine itinérante inachevée et oubliée dans un coin. A charge au nécromancien de la remonter de toutes pièces et de s’en servir pour sa moisson.

Johannes accepte et commence par aller retrouver son frère, Horst, qu’il n’a pas vu depuis plus de huit ans. Horst accepte de l’aider et, à eux deux, ils arrivent à monter la fête foraine, aidés de toutes les créatures que Johannes arrive à invoquer. Mais Satan n’est pas un joueur fairplay, et il va s’employer, tout au long de l’année, à mettre des bâtons dans les roues des deux frères. Vont-ils arriver à collecter les cents âmes exigées par Satan ?

J’ai beaucoup aimé cette histoire de fête foraine maléfique. L’auteur l’avoue lui-même, c’est Ray Bradbury qui est à la source de l’inspiration de ce roman avec La foire des ténèbres et Jonathan L. Howard s’empare du sujet avec un certain brio et beaucoup d’humour.

En utilisant des ficelles connues des lecteurs (contrat avec Satan, nécromancie, et même monde parallèle), il nous plonge dans son univers qui nous enveloppe très rapidement. On sent la brume nous submerger quand Johannes se promène dans le cimetière, on hume l’odeur du popcorn chaud de la foire, et surtout on contemple l’être humain dans toute sa complexité. Car, évidemment, tout n’est pas simple. Les âmes des humains sont pleines de contradictions et certains, plus que d’autres, méritent de finir aux enfers.

L’écriture est truculente et sert à merveille des personnages beaucoup moins tranchés et caricaturaux qu’on ne pourrait le croire au premier abord. L’humour est omniprésent, que ce soit dans les descriptions ou les dialogues, et on sent souvent la lassitude de Johannes, obligé de composer avec des créatures dépourvues d’intelligence. Le duo Denzil et Dennis en est l’exemple parfait. Chacune de leurs interventions est source de rire pour le lecteur et, souvent, de déception pour Johannes. L’ensemble fonctionne à merveille et j’avoue que j’ai passé un bon moment de lecture.

Et, chose intéressante, le chapitre final ouvre des perspectives pour une éventuelle suite et, après vérification, il y a bien plusieurs volumes de cette série. J’espère qu’ils seront traduit car j’ai vraiment envie de savoir ce qui va se passer pour Johannes par la suite.