Les Chroniques de l'Imaginaire

Léviathan [Kuroi] (Léviathan [Kuroi] - 1) - Kuroi, Shiro

Quand des pilleurs d’épaves abordent le Léviathan, imposant vaisseau en piteux état dérivant dans l’espace, ils ne savent pas encore qu’ils viennent de découvrir un véhicule disparu depuis longtemps et toujours doté d’une récompense pour qui le découvrira. Alors qu’ils viennent d’entrer dans un couloir, ils découvrent un journal qui s’avère avoir été tenu par un élève qui faisait un voyage scolaire sur le vaisseau au moment de sa disparition. L’un des pillards commence à le lire afin de savoir ce qui s’est passé.

L’histoire prend place des années plus tôt, et Kazuma, l’auteur du carnet, s’avère être un élève studieux. En effet, il commence à tenir le journal du voyage car c’est un devoir qu’il devra rendre quand ils retourneront en classe. Le début du voyage est normal jusqu’au moment où plusieurs déflagrations retentissent et où le vaisseau est en partie détruit.

Il raconte ensuite ce qui se passe au sein du vaisseau et le récit est glaçant. En effet, le réservoir principal d’oxygène a été détruit dans le bombardement, et il ne reste qu’un jour et demi d’espérance de vie pour les passagers. L’envoi d’un SOS a bien été tenté, mais l’émission était sans doute trop faible pour atteindre quiconque, les passagers sont donc livrés à eux même. Mais il y a un détail : un caisson de cryogénisation, permettant de conserver une seule personne, semble encore fonctionnel dans le vaisseau. Mais qui sera choisi pour être le seul survivant de la catastrophe ?

Une très belle découverte pour ce manga qui mêle plusieurs ambiances, de Alien à Battle Royale en passant par le film catastrophe et l’angoisse de l’espace.

Ce début d’histoire est très convenu. Un vaisseau abandonné, une histoire d’adolescents qui se retrouvent seuls pour gérer l’impensable, et surtout le « Il ne peut y en avoir qu’un seul » qui donne toute sa saveur à l’ensemble. Car au début, il n’y a que deux personnes qui sont au courant pour le caisson, et ça devient problématique quand tous les autres l’apprennent. Mais le scénario est bien rôdé et surtout bien dosé. On se demande plusieurs fois quel but exact poursuit Futaba, et pour tout avouer on n’a pas vraiment la réponse à la fin de ce tome.

Le format — plus grand qu’un manga classique — permet d’apprécier au mieux le trait du mangaka. En effet, l’ensemble est très sombre, avec pas mal de trames serrées, et un format plus petit aurait sans doute rendu la lecture brouillonne et peu claire du point de vue graphique. Le trait n’est pas parfait, loin de là, et la composition de l’ensemble plutôt classique, mais ce n’est en rien gênant car ce n’est pas une histoire avec beaucoup de mouvements rapides ou de combats. Les scènes les plus violentes se démarquent d’autant plus que rien n’est édulcoré. Et lors des confrontations entre les différents personnages, les gros plans sont parfaits pour montrer leurs émotions, en particulier la peur ou la douleur.

Ce n’est pas un manga pour enfant, mais ce n’est pas non plus un manga destiné seulement aux adultes. On est à la frontière des deux, et le fait que les protagonistes soient des adolescents rend l’histoire plus intéressante.

C’est donc, pour moi, une très belle réussite et j’attends avec impatience la suite de cette série annoncée en trois tomes, pour savoir ce qui se passe une fois que tout le monde sait qu’il n’ont qu’une seule chance de survivre à ce chaos.