Les Chroniques de l'Imaginaire

Les roses fauves - Martinez, Carole

Carole Martinez, notre conteuse, s'isole dans un petit village breton pour y trouver l'inspiration pour son futur roman. Celle-ci ne vient pas, jusqu'à cette rencontre avec Lola Cam. Lola est la postière du village. Elle y vit en recluse entre son jardin, le guichet de la poste, et ses petites manies de vieille fille. Elle se sent délaissée, en désaccord avec sa famille car elle n'est pas comme les autres, et toujours cet affront en tête avec son père qui l'a souvent rejetée. Alors elle se contente d'être heureuse dans son son petit monde. Son handicap ? Lola boîte depuis toujours, et Lola s'isole de plus en plus. Mais elle décide enfin de s'ouvrir à notre romancière. Lola a un secret. Ce secret se trouve dans l'armoire de sa chambre.

La coutume veut que ses aieules, lorsque les jours sombres approchent, enferment leurs secrets dans un coeur en tissu à jamais recousu. Ces coeurs passent de génération en génération, et c'est Lola qui en a hérité.... jusqu'à ce qu'un des coeurs craque. Lola va-t-elle se rapprocher de ses racines et pouvoir croiser son destin à celui de son arrière grand-mère ?

Cette aieule était la victime d'une malédiction qui hantera ses descendantes. Lola trouvera aussi dans ces coeurs quelques graines ; férue de jardinage, elle s'empressera de les semer. Et ces graines vont très rapidement échapper à tout contrôle, donnant naissance aux "roses fauves" qui donnent leur titre au roman. Dans ce roman, nous allons suivre plusieurs histoires en parallèle, celle de Lola et des vieilles comères de son bureau de poste, celle d'Ines Dolores, l'aïeule qui a confectionné le coeur blanc, et celle de Carole Martinez essayant d'écrire son roman tout en étant de plus en plus fascinée par la saga des Dolores successives. Les roses constituent le fil conducteur entre ces différentes parties, et leur parfum enivrant n'est peut-être pas celui que nous croyons...

J'avais été happée par un des premiers romans de Carole Martinez, Le coeur cousu. Ces traditions espagnoles sont envoutantes. On peut se surprendre à jalouser une telle descendance et un tel passé. Mais les épines de ces roses peuvent laisser quelques cicatrices. Trouver son propre chemin est peut-être au final le fin mot de l'histoire. Ici, Carole Martinez nous emmène avec elle dans ces destinées particulières, dangereuses et envoutantes. On en redemande, on ne se lasse pas de ces femmes battantes, indépendantes et secrètes. Une seule envie : que les autres coeurs craquent aussi...