Les Chroniques de l'Imaginaire

Récits de Noirepierre - Morlaës, Tristan

En ruines, au milieu de marais peuplés de créatures plus dangereuses les unes que les autres, derrière une forêt maudite, la citadelle de Noirepierre agit comme un aimant malfaisant pour tous ceux qui osent s’aventurer non loin. Et nombreux sont ceux qui souhaitent s’y rendre pour la gloire, l’honneur, la richesse, la connaissance, pour détruire le mal qui la ronge ou fuir celui qui les poursuit dans le monde des hommes. Le destin de ces aventuriers comme de ces gens du commun ne peut être que funeste.

Récits de Noirepierre suit les aventures de nombreux protagonistes, humains ou non, dont la route croise malheureusement celle de la citadelle. Bien qu’on en retrouve certains d’un chapitre à l’autre, Noirepierre et la présence maléfique qui l’habite sont les vrais personnages principaux de cet ouvrage. Découpé en trois parties, l'ouvrage sème cependant ça et là des éléments venant servir sa conclusion finale dans chacun des récits qui le composent.

Le style d’écriture est plaisant. Il s’adapte aux différents narrateurs rencontrés, de l’écuyer un brin benêt, à l’enfant maltraitée en passant par le mage trop sûr de lui. L’équilibre entre dialogues, scènes d’action et descriptions est bien trouvé.

En quelques pages, Tristan Morlaës parvient à donner de la profondeur aux prochaines victimes de la citadelle, à cerner leurs motivations comme leur personnalité et ainsi à rendre plus tragique le destin vers lequel elles se dirigent. Si l’issue est presque toujours négative pour ces personnages, on se laisse cependant entraîner dans leurs aventures. Le suspense est en effet toujours au rendez-vous : vont-ils dépasser le village de Cendrespoir ? La forêt ? Les marais ? S’ils atteignent la citadelle, quel péril les attend ? Rencontreront-ils certaines des créatures déjà croisées par d’autres malheureux ?

Les scènes d’action sont bien écrites, tantôt courtes, tantôt longues, selon l’endurance des protagonistes et l’horreur des adversaires qu’ils rencontrent.

Surtout, c’est l’atmosphère dégagée par ces récits qui m’a plu. La couverture réalisée par Aurélien Police lui correspond d'ailleurs bien. Rien à proprement parler n’est original. Tout lecteur de fantasy se trouvera en terrain familier mais c’est justement tout le sel du livre. Il n’aura aucun mal à visualiser les différents décors, créatures ou personnages ou à se figurer l’importance de ce qui est en jeu. Les influences sont multiples et bien utilisées. Et malgré la noirceur du récit, une lueur d’espoir réside malgré tout, qui sauve le livre de la morosité.

En résumé, Récits de Noirepierre est un ouvrage prenant, qu’on lit jusqu’à la dernière page avec plaisir. Il plaira plus particulièrement aux amateurs de fantasy sombre et à tous les lecteurs qui apprécient qu’un lieu soit au cœur du récit.