Une scène de bagarre généralisée, de nuit. Un immense gaillard qui finit par se faire tabasser, même si on devine qu'il a lui même étendu un bon nombre d'individus avant. Un petit garçon qui découvre ses parents morts, dans un effroyable accident de voiture : voilà quelques-uns des éléments que l'on découvre en ouverture de ce premier tome de Mister Mammoth.
Et puis, il y a ce bureau de détective, en ville : un homme, William Carona, est en train de flatter le professionnalisme d'un être immense, détective de son état. Mammoth est réputé pour sa capacité à résoudre des affaires jugées impossibles à élucider. L'homme, un géant au visage tuméfié, ne réagit pas aux flatteries de celui qu'il reçoit. Mais il accepte, pour un prix élevé, de s'occuper d'une affaire présentée par Carona.
Carona a reçu une photo de lui, totalement innocente, et il souhaite savoir qui l'espionne de la sorte. De toute évidence, ce client a des choses à se reprocher. Il a des ennemis qui pourraient bien l'empêcher de prendre une retraite tranquille, à profiter de sa fortune. Alors, l'enquête démarre, et Mammoth démontre son efficacité : les indices s'enchaînent à grande vitesse, sur la base de la photographie, et Mammoth parvient à échapper à une agression à l'arme blanche, pour retrouver... Carona en personne, qui le met sur la piste de Vera, une jolie jeune femme, serveuse dans un bar...
Mister Mammoth est une série qui met à l'honneur deux artistes qui publient depuis maintenant quelques années chez Futuropolis. Ainsi, c'est l'Américain Matt Kindt qui est ici au scénario (Grass Kings, Dept. H. ou Black Badge chez le même éditeur), et c'est le Français Jean-Denis Pendanx (Svoboda, Tsunami, Le Maître des crocodiles...) qui est aux dessins et aux couleurs.
Les années 70 et les polars très noirs et très glauques sont à l'honneur, dans ce premier tome d'une série qui sera un diptyque. D'emblée, on est frappés par ce côté sombre et violent, dans un univers que ne renierait pas Batman et sa ville de Gotham. La ville est un personnage à part entière dans ce tome, où on suit un personnage cassé, violent, doté d'un sens aiguisé de la déduction, sur lequel on n'aura pas beaucoup de réponses ici. Un univers en tout cas très différent des séries citées plus haut.
La force de ce tome réside, pour le moment en tout cas, dans les dessins et les couleurs de Jean-Denis Pendanx. L'atmosphère est glauque, certes, mais que c'est bien rendu, avec des couleurs parfaites, et des cases qui sont pleines de détails. Il est à noter que le cahier graphique présent en fin d'album, avec des recherches de Matt Kindt et de Jean-Denis Pendanx, est lui aussi d'un vrai intérêt.
On sent que les deux artistes se sont amusés dans cette collaboration, notamment au niveau graphique. Pour le côté narratif, on a des flashbacks qui nous permettent de commencer à cerner cet immense et mystérieux personnage principal : nous attendons la suite avec beaucoup d'intérêt, pour non seulement flatter une nouvelle fois notre rétine, mais également pour avoir des certitudes sur ce qu'on aura imaginé sur ce personnage.