Les Chroniques de l'Imaginaire

Sorcière, ma sœur - Joyce, Graham

Au cours des travaux de rénovation de leur maison, Alex et Maggie découvrent un vieux livre, caché au fond de la cheminé bouchée. C'est un petit bouquin manuscrit d'apparence datée et dont les pages sont couvertes de recettes de préparation de remèdes, de breuvages ou de listes d'herbes avec descriptions et propriétés.

Si Alex se désintéresse vite de cette trouvaille, Maggie est intriguée et regroupe le matériel et les ingrédients nécessaires pour essayer plusieurs recettes. Sa curiosité s'accentue au fur et à mesure de ses lectures car de nouvelles portions de texte apparaissent sous ses yeux.

Le petit livre d'herboriste se transforme en un journal intime. Celui d'une sorcière, qui attire petit à petit Maggie vers son monde.

Sorcière, ma soeur est un roman fantastique de Graham Joyce, paru dans la collection Terreur de Pocket en 1998 - rappelez-vous, cette fameuse collection avec un bout de texte écrit sur la première de couverture en rouge sur fond noir ou coloré et généralement à peine lisible - et qui ne semble pas avoir été réédité depuis lors.

En un peu moins de trois cents pages, Joyce nous dresse le portrait réaliste d'une jeune femme plongeant dans l'univers de la sorcellerie et de sa famille qui part à vau-l'eau : un mari dominateur et parfois violent ; un gamin dérangé psychologiquement ; Maggie, elle-même, qui oublie tout en se laissant aller à sa nouvelle passion ; il n'y a qu'Amy, la fille aînée, qui maintient un comportement un tant soit peu normal.

Ce qui m'amène au premier souci de ce récit. Il est difficile de s'inviter dans cette famille, de s'attacher aux personnages et d'avoir une quelconque empathie pour eux. L'aspect drame familial envahit le scénario. Je cherche quelque chose de plus lorsque je démarre une histoire fantastique avec de la sorcellerie.

Ensuite, la construction de Sorcière, ma sœur m'a laissé perplexe. Les acteurs vivent leur vie, se déchirent, Maggie essaye les instructions de son nouveau livre de chevet... et où est-ce que Joyce veut nous emmener ? La fin du texte donne une explication où toutes les pièces du puzzle s'emboîtent mais le voyage pour y arriver est décousu et manque de piquant. Jamais je ne me suis senti inquiet pour les protagonistes, jamais je n'ai ressenti une quelconque tension en parcourant les pages.

Sorcière, ma sœur est plat. On est à l'opposé du Lien maléfique de Rice, par exemple, où malgré le millier de pages du bouquin et la cargaison de personnages sur plusieurs générations, Rice accrochait le lecteur du début à la fin dans une montagne russe de suspense.

Bref, si ce petit roman fantastique se laisse lire rapidement, il est d'un intérêt limité et s'oublie très vite.