Deux heures, il ne m’aura fallu que deux heures pour lire Rock Star sinon rien au cours d’une insomnie. L’autobiographie d’Helmut Fritz, personnage derrière lequel se cachait Eric Greff, est un condensé des quelques années de gloire de l’artiste. Écrit d’une plume rapide — les chapitres sont courts —, et incisive — Eric y étale pas mal de ses défauts sans vergogne tout en pointant du doigts les dérives du milieu de la musique — le bouquin se lit très vite et livre quelques anecdotes drôles et souvent touchantes.
Comme l’humiliation qu’il a ressentie en croisant d’anciens collègues de travail alors qu’il trimait pour huit euros de l’heure dans les salons de la porte de Versailles, ou, plus tard, sa découverte de la nation amérindienne, pour laquelle il va se prendre de passion. Ou comme la naissance de sa fille ou l’évocation de sa tante Maria, pour laquelle il avait beaucoup de tendresse.
Avec ce livre, Eric veut clore définitivement la page d’Helmut. Après un dernier revival pendant le premier confinement, où il a à nouveau explosé les compteurs de vue sur YouTube et d’autres plateformes de téléchargement, il est temps pour lui de raccrocher les gants. Contrairement à beaucoup d’artistes, il a tenu à se charger lui-même de l’écriture de son livre, et on reconnait facilement sa patte d’écrivain.
Il s’adresse directement au lecteur, brisant le quatrième mur, comme dans les films. Il nous invite à le suivre dans la tournée des clubs, à travers le monde, à le contempler tandis qu’il boit avant de monter sur scène, et à l’envier quand il rencontre, même fugacement, ses idoles de toujours. Le style, loin d’être lourd et larmoyant, reste entrainant tout au long du livre.
C’est donc l’histoire d'un petit garçon de Forbach qui a réussi l’exploit de monter sur scène devant des milliers de spectateurs. Qui a cru en son rêve, qui a tout fait pour le réaliser, et qui s’est presque brûlé les ailes pour finir. Mais c’est aussi l’histoire d’un homme assez lucide sur un monde impitoyable et qui a compris que, même avec la meilleure chanson du monde à proposer, rien n’est jamais gagné d’avance, même quand on croit de toute son âme au titre qu’on a écrit.
Quand il était jeune, Victor Hugo voulait être Chateaubriand ou rien. Eric Greff, lui, a toujours voulu être rock star, et, tout comme Hugo, il a réussi son pari fou. Et il en a payé le prix.
À titre personnel, je ne te remercie pas d’avoir mis en avant les macarons Ladurée, Eric. Je n’ai jamais aimé les macarons, et si j’avais su que c’était à cause de toi qu’on en voyait dans toutes les pâtisseries, j’aurais protesté bien avant sur ce phénomène qui prend la place d’autres pâtisseries bien meilleures dans les vitrines.
Pour ceux qui veulent savoir comment un titre à succès est né, comment un personnage loufoque a pu prendre la première place sur toutes les scènes et les radios de France, et comment l’homme derrière tout ceci a pu gérer son succès puis sa vie ensuite, lisez ce livre. Et réécoutez ses chansons.