Il y a vingt-quatre ans, le dix octobre, Martin Haugen signalait la disparition de sa femme Katharina à la police. Depuis, le commissaire d’une petite ville norvégienne, William Wisting, ne cesse de chercher dans les cartons d’archives un élément qui pourrait enfin résoudre le mystère de cette affaire jamais élucidée. En effet, personne n’a jamais pu décrypter la note laissée par Katharina Haugen avant de disparaître : des chiffres, des lignes ainsi qu’une croix que la jeune femme avait griffonnés sur une feuille trouvée sur la table de sa cuisine.
Chaque année, à la date d’anniversaire de sa disparition, Wisting se rend chez Martin Haugen et les deux hommes se retrouvent autour d’un gâteau et d’une tasse de café. Ils n’ont pas vraiment rendez-vous, ils n’en ont jamais eu besoin, mais c’est devenu peu à peu l’occasion de se remémorer l’affaire et d’aiguiller la conversation vers Katharina.
Au fil du temps, la relation entre Haugen et Wisting a évolué. De professionnelle, elle est devenue de plus en plus informelle, voire presque amicale. Pourtant, malgré les week-ends de pêche et les moments de franches rigolades, Wisting ne peut s’empêcher de conserver un doute sur le fait que son ami ne lui a peut-être pas tout dit. Pire encore, cette fois-ci, personne ne lui ouvre la porte : Haugen semble s’être volatilisé !
Alors qu’il se rend à son bureau pour lancer des recherches, Wisting apprend qu’Adrian Stiller, un officier du bureau central de la police d’Oslo, vient tout juste de débarquer. Ce dernier travaille pour la nouvelle unité des cold cases Kripos dont les enquêteurs viennent de rouvrir une ancienne affaire d’enlèvement et pour laquelle ils souhaiteraient la collaboration de Wisting. Cette affaire, c’est celle de Nadia Krogh. Fille d’un multimillionnaire de la région, elle avait subitement disparue lors d’une soirée entre amis, deux ans avant le mystère Katharina. A l’époque, la demande de rançon n’avait pas abouti et, à ce jour, aucun corps n’a jamais été retrouvé.
Enlèvement ? Disparition volontaire ? Mort accidentelle ? Dans ce cas, s’agirait-il d’une imprudence, d’une négligence ou d’un acte intentionnel ? En enquêtant ainsi sur le fait divers qui avait fait couler le plus d’encre de l’histoire criminelle norvégienne, mais surtout grâce à de nouvelles méthodes scientifiques, les policiers ont récemment découvert de nouvelles preuves et celles-ci mènent malheureusement tout droit à Martin Haugen… Stiller demande alors à Wisting de se servir de sa proximité amicale avec le principal suspect dans le but de découvrir ce qui se trame derrière ces deux disparitions qui semblent plus que jamais liées par le mensonge et le poids de lourds secrets.
Dans ce cinquième opus des enquêtes de William Wisting, qui peut être lu indépendamment des autres, Jørn Lier Horst nous familiarise progressivement avec les circonstances de ces deux affaires. Son récit nous immerge en douceur, au fil des pages, dans une enquête certes plutôt calme de prime abord mais qui est menée avec méthode et minutie.
Appuyée par une investigation journalistique, cette quête de vérité concernant la disparition des deux jeunes femmes ne laisse rien au hasard. L’écriture fluide et les chapitres courts permettent de garder un suspense d’autant plus croissant tout au long de la lecture. Le rythme est vif, les dialogues sans chichis, on retrouve avec plaisir le style glacial et efficace des polars scandinaves.
Si j’ai apprécié l’aspect psychologique particulièrement bien travaillé concernant les traits de caractères des différents personnages, j’aurais aimé profiter davantage des paysages dont les descriptions sont plutôt abstraites et fuselées. Enfin, en termes de scénario, rien de très original : on suit le format classique du cold case, de l’enquête qui piétine et de l’aide extérieure des services de la capitale venant à la rescousse pour faciliter le dénouement. Du déjà vu qui demeure néanmoins efficace et qui augure toujours un bon moment de lecture !