Les Chroniques de l'Imaginaire

La Princesse au visage de nuit - Bry, David

Hugo, la trentaine, éducateur spécialisé à Paris, n’a pas remis les pieds dans son village natal depuis son enfance. Il avait alors été découvert, amnésique dans un champ, ses amis Pierre et Sophie n’ayant jamais été retrouvés. Des traces de maltraitance avaient alors conduit à son placement en famille d’accueil.

Le décès soudain de ses parents biologiques dans un accident de voiture le force néanmoins à revenir à Saint-Cyr. Il y rencontre Anne, sœur cadette de son amie Sophie. Encore hantée par la disparition de Sophie, Anne va conduire Hugo à fouiller dans ses maigres souvenirs. Dans le même temps, elle est contrainte de l’interroger de manière bien plus officielle, la mort de ses parents n’étant pas accidentelle.

La vie d'Hugo va dès lors osciller entre Paris, son groupe d’amis, leurs bars fétiches et la vie qu’il s’est construite loin de l’horreur et des souvenirs et Saint-Cyr où tout le ramène à son amitié avec Sophie, à la légende de la princesse au visage de nuit qui se racontait alors dans la cour de récré et resurgit soudain, mais aussi aux violences exercées par ses parents.

La Princesse au visage de nuit navigue entre le polar, le thriller et le fantastique. Les questions sont multiples : qui a tué les parents de Hugo et pourquoi ? Qu’est-il advenu de Sophie et de Pierre… et de Hugo lui-même il y a vingt ans ? Pourquoi ne se souvient-il de rien ? Quelle est cette mystérieuse légende de la Princesse au visage de nuit et, surtout, existe-t-elle réellement ? Hugo arrivera-t-il à maintenir le passé hors de sa nouvelle vie ou devra-t’il s’y confronter une bonne fois pour toutes ?

On est bien vite plongé dans l’ambiance trouble de la petite ville de Saint-Cyr, sa forêt énigmatique, sa « sorcière » locale et dans ses nombreux non-dits et secrets qui regorgent de questions supplémentaires. On passe en vérité le livre à s’interroger car de nouveaux mystères apparaissent à mesure que l’enquête sur la mort des parents de Hugo progresse et que des indices émergent sur la disparition de Sophie.
Saint-Cyr est très bien décrit. Après quelques chapitres, on visualise presque sa géographie, ses routes, ses points marquants mais aussi certains de ses habitants les plus notables.

On passe moins de temps à Paris qu’à Saint-Cyr mais ces escapades ne sont pas moins importantes à l’histoire et nous font découvrir le protagoniste principal sous un jour différent, dans la vie qu’il s’est construite tant bien que mal, auprès d’amis au cœur peut-être aussi cabossé que le sien.

Le rythme de l’intrigue dans l’ensemble est très bien dosé. Chaque nouvelle révélation, chaque nouveau mystère arrive au bon moment pour maintenir le suspense tout au long du récit.
Sur une tout autre note, j’ai beaucoup apprécié la couverture : élégante et efficace, à l’instar du contenu de l’ouvrage. C’est en la regardant attentivement qu’on y décèle, à travers l’entrelacs de feuilles, certains aspects plus inquiétants.

En conclusion, La Princesse au visage de nuit est un roman qui plaira aux amateurs de villages emplis de secrets, de contes de fées sordides, de personnages malmenés par la vie comme d’enquêtes policières. Cet ouvrage mérite bien selon moi son label d’ « étoile montant de l’imaginaire ».