Les Chroniques de l'Imaginaire

Le sanctuaire - Roux, Laurine

Dans un monde post-apocalyptique, Gemma vit avec sa sœur aînée et ses parents dans un chalet de montagne, à l'écart de ce qu'il reste de civilisation. Le père part souvent quelques jours glaner ici et là des denrées et objets vestiges d'une autre époque. Le dernier en date : un rouge à lèvres, qui fait la joie de son épouse. June en garde un vague souvenir mais Gemma, qui est née après l'apocalypse, n'a jamais connu le monde d'avant. C'est pour cette raison qu'elle s’accommode si bien de leurs conditions de vie, si différentes de celles de notre temps. Elle sait chasser à l'arc comme personne et viser en plein cœur pour ne jamais faire souffrir l'animal. Elle sait observer le sens du vent et devenir pierre pour ne pas se faire repérer.

C'est pour cette raison aussi que Gemma est la seule à raisonner et à agir avec lucidité. June est souvent dépassée par l'aisance de sa sœur, à l'occasion jalouse de l'attention que lui accorde leur père. Le père, justement, a pris un rôle de patriarche sévère et autoritaire. C'est lui qui commande, les choses sont claires. Quant à la mère, on peut dire qu'elle a perdu la raison, ressassant sans cesse sa vie passée.

Le sanctuaire qu'ils se sont appropriés est un espace sacré qu'il faut entretenir et préserver des ennemis volatiles, transmetteurs de maladies qui condamnent quiconque les approche. Gemma agit en bon soldat et les chasse, jusqu'à sa rencontre avec un aigle, et le vieil homme inconnu qui l'a apprivoisé. Une rencontre qui va marquer un tournant dans le livre.

L'histoire ressemble à une fable, avec un contexte proche du surnaturel et des péripéties dignes d'un récit mythologique. La connexion qui se crée entre Gemma et l'aigle est peu crédible mais, dans cette fiction là, on a envie d'y croire. L'atmosphère ouatée qui règne sur le roman renforce cette impression de récit en dehors du temps et du monde.

Ce roman a reçu bien des éloges et ce que je livre là est un avis personnel. Je n'ai pas apprécié cette lecture pour plusieurs raisons. Pour commencer, une forte sensation de déjà lu. L'environnement, l'ambiance post-apocalyptique et la structure familiale sont quasiment identiques à un roman connu publié en 1994, Dans la forêt de Jean Hegland. Roman qui m'a fait forte impression et, malgré mes efforts, la comparaison est inévitable. Le mystérieux personnage qui rôde dans la forêt a des comportements lubriques dont je n'ai pas compris la pertinence. Enfin, l'écriture de Laurine Roux m'a semblé maniérée et n'a pas réussi à me transporter dans son univers.

Encore une fois, Le sanctuaire est très apprécié par les lecteurs et mon seul avis ne saurait faire foi. Si le cœur vous en dit, à vous de vous faire votre avis.