Nous sommes au beau milieu d'un paysage montagneux, gigantesque et extraordinaire. Un homme s'avance, seul, prudemment. Il sait qu'il ne doit pas être repéré par les hommes qui surveillent les paysages, et il parvient à atteindre un lac, appelé le lac miroir. Ce qui suit est étonnant : l'homme, toujours seul, cite une incantation, et il s'avance sur le lac, marchant sur des eaux pourtant bien profondes...
L'homme en question est un prêtre du royaume Kéva. Un royaume pacifique, qui vient pourtant d'être massacré par les Kévarks, un peuple expansionniste qui obéit aux ordres de l'empereur Yarsam-Sarram. Ce n'est ainsi qu'au petit matin que les Kévarks remarquent la présence du prêtre au milieu du lac. Ils envoient rapidement chercher un traducteur, qui va bientôt échanger avec le prêtre des Kévas, avant de provoquer les Kévarks et de mourir bien rapidement...
Et puis, il y a ce mystérieux scorne, un être gigantesque qui a tout du centaure. Il est accompagné d'un tout aussi mystérieux être qui lui sert d'éclaireur, et il assiste à la scène. Les scornes se sont joints à l'empereur Yarsam-Sarram, pour éradiquer les Kévas, et voilà que le scorne semble le regretter, refusant en tout cas d'attaquer ce dernier prêtre encore en vie...
Après le magnifique Ion Mud, également paru chez Casterman, c'est encore dans un univers gigantesque que les personnages d'Amaury Bündgen vont évoluer. Nous ne sommes plus ici dans une architecture aux dimensions cyclopéennes que ne renierait pas Schuiten, mais dans des paysages naturels magnifiques, qui rendent encore une fois les personnages tout petits.
Pourtant, le lecteur s'attachera bien vite à ce prêtre, qui affronte seul les Kévarks, tout en restant assis sur l'eau, au centre d'un lac aux bien étranges propriétés. En cela, les dessins d'Amaury Bündgen, en noir et blanc dans ce one-shot, sont, il faut bien le dire, de toute beauté : chaque case est soignée et d'une grande finesse, tant sur les décors naturels majestueux que sur les expressions des personnages. Ces dessins se suffisent souvent à eux-mêmes, et il n'est pas rare de parcourir plusieurs planches sans rencontrer le moindre phylactère.
Le Rite est un superbe one-shot, le second de cet auteur qui paraît chez Casterman. On ne peut que saluer la maturité de cet auteur lyonnais, qui en est ici à sa seconde pépite.