Première scène : un enterrement ; celui de Robert Wagner, un grand homme du théâtre français, qui se voit partir entouré des siens. La scène est déjà cocasse. Son âme s'envole et les commentaires déferlent. Ses amis sont là autour de lui, pas de famille, c'est pas la peine, quand on peut beaucoup plus compter sur la fidélité de l'amitié d'un groupe de septuagénaires qui ne s'est jamais lâché.
Robert est parti le premier, il reste Richard et Myriam, le couple d'amis très proches, Nicole la femme de Bob, Edouard et Nathalie, Frantz et Michel, Jean et Patricia. Cap sur une île méditerranéenne en Corse où ils ont leurs habitudes dans leurs villas les uns à côté des autres afin de se retrouver après cette épreuve qui les a fortement impactés.
Nicole a décidé de ne pas retourner dans sa maison, Bob y est encore trop présent. Elle s'installe donc avec Richard et Myriam. Richard a du mal à le supporter. Richard, écrivain qui a connu quelques succès, est en manque d'inspiration. La disparition de Robert l'anéantit. Il fait face et ne veut pas le faire voir aux autres. Leur pilier est parti, il ne se voit pas le remplacer.
Désormais et malgré eux, tout va changer. C'est le prix des années qui passent. Où sont passées les soirées folles, les rigolades et l'insouciance ? Rien n'y fait, l'âge avance et la santé de quelques uns d'entre eux défaille. Après Bob, de qui sera-ce le tour ? Jean qui perd la tête et qui se retrouve à leur faire vivre de drôles de scènes, mais qui au fond d'eux même leur rappellent qu'ils sont peu de chose malgré des comptes bancaires bien fournis ? Michel qui fait face à sa maladie et qui garde le sourire ?
Ce livre se lit facilement, il nous relate les bons moments de ces amis fidèles, leurs prises de becs, des scènes irrésistiblement drôles, les coups de gueule et les franches rigolades. Ca paraît léger au premier abord, mais au final il y a beaucoup de profondeur surtout sur l'interrogation de nos vieux jours.
Olivier Chantraine nous raconte là l'histoire peut-être espérée de tant de personnes. Avoir eu une belle vie, profiter des jours heureux et être soudé jusqu'à la fin. Mais le plus dur est de se voir partir, se voir défaillir. On s'accroche, on se dit qu'on est loin d'être faible, qu'on n'est peut-être pas comme les autres, jusqu'au jour où...
Ce livre est une belle comédie entre Le coeur des hommes et Les petits mouchoirs. C'est le début de la lente déclinaison de notre passage sur cette Terre. Profitons de ces jours heureux tant qu'il est encore temps. Arrêtons d'houspiller sans fin face à nos petits tracas quotidiens et avançons. De toute façon, il y aura bien une fin, alors autant qu'elle soit belle et la plus lointaine possible...
