Kao Han est une géologue, qui a su utiliser son intelligence et sa beauté. Le Magistère, dictateur de la Terre, lui confie une mission de répérage de précieux gisements dans la ceinture d'astéroïdes. Hélas, le vaisseau à bord duquel elle fait le voyage est endommagé et se crashe sur Mars.
Mars, sur laquelle des vaisseaux ont été envoyés trois cent ans plus tôt... Thalie faisait partie des premiers migrants, elle était médecin et idéaliste, rêvant de terraformer la planète rouge en un lieu accueillant pour les humains. Ce qui ne rentrait pas dans les plans d'Henri Leloup, dit le Loup, décidé à prendre le pouvoir sur ce nouveau monde par la force, en anéantissant tout ce qui pouvait s'opposer à lui. Répétant les mêmes erreurs que sur la Terre, sans s'inquiéter des dégâts environnementaux et de la survie à long terme.
En trois cent ans, les choses ont évolué. La Terre, confrontée à une glaciation catastrophique, a abandonné les pionniers martiens à leur sort : plus d'envoi de nouveaux colons et de matériel, plus de communication. Dans la communauté martienne d'Hellas Planitia, la seule qui a survécu à la guerre provoquée par le Loup, plusieurs générations ont passé et la vie s'est organisée. Les stulti n'ont pas oublié la Terre, mais ils ont changé de focale : pour eux, Mars est "Notreterre" et la Terre simplement "le làbas". La jeune Léna aurait souhaité être exploratrice comme son ami Kien, mais a été affectée aux magnaneries où on produit la soie, produit de première nécessité. Elle ne sait pas encore que sa tranquilité va voler en éclats quand l'ambitieux Làrdem va profiter d'une opportunité pour déclencher un violent coup d'état...
Ce roman fait partie du cycle de Dajê Nin, qui comprend romans et nouvelles. Si comme moi vous n'avez pas lu les autres ouvrages, vous pourrez - comme moi - être un peu perdus dans le contexte. On devine que la Terre a changé d'orbite plusieurs centaines d'années auparavant, ce qui a causé des bouleversements. Mais qui est Dajê Nin, auquel il est fait allusion plusieurs fois ? Cela étant, si on reste un peu sur notre curiosité, on arrive quand même à suivre sans souci le roman.
Le récit s'attache à plusieurs personnages, et principalement trois femmes de caractère qui vont changer l'Histoire. On passe ainsi de l'une à l'autre, changeant d'époque au fil des chapitres mais de manière assez linéaire pour chacune. L'ensemble fonctionne assez bien, même si j'aurai apprécié par exemple un chapitre vu par Kao Han après son amarsissage forcé. On prend plaisir à suivre le voyage de Kao Han, les malheurs de Thalie, les aventures de Léna, ou les rares interventions du PAN, le premier robot à être capable de ressentir.
Pourtant, au final, j'ai quand même trouvé le rythme trop irrégulier. Il y a de très longs passages explicatifs très hard-science (sur le fonctionnement des cosmovoileurs, des serres martiennes, etc.), et parfois pendant des pages et des pages on n'a aucune aération, aucun dialogue : c'est lourd à digérer. Quant à la fin, elle arrive bien abruptement, réglant en quelques pages et sans grande difficulté la situation plus qu'épineuse précédente. Ou peut-être ai-je raté, au sein des passages que j'ai jugés ennuyeux, les indices de ce qui allait arriver ? Il y a également quelques fautes passées au travers de la relecture (principalement des mots en trop ou pas assez dans des phrases), qui pourront perturber un lecteur exigeant sur la forme.
Une lecture globalement intéressante, avec de bonnes idées, mais qui pêche par le rythme du récit et autres menus défauts, et qui n'a pas su m'emballer comme l'avait fait ma précédente lecture d'un roman de l'auteur.