Les Chroniques de l'Imaginaire

Le chant du bison - Pérez Henares, Antonio

Antonio Pérez Henares nous livre ici un roman préhistorique presque pictural. A travers Chat-Huant, Terre Sombre et l'Errant, il nous raconte la cohabitation difficile entre les derniers Néandertaliens et les Homo-Sapiens, plus agiles, plus malins.

Nous sommes trente mille ans en arrière, dans un endroit qui deviendra l'Espagne. Chat-Huant est un jeune orphelin qui vient de perdre sa mère. Dans la grotte où il vit, il est rejeté, mis à l'écart, il subit brimades et moqueries. Aussi, lorsque l'Errant arrive et constate que ce jeune garçon timide est plus intelligent qu'il n'y parait, il décide de l'emmener avec lui pour poursuivre son voyage de grotte en grotte, de clan en clan.

Ils vont ainsi parcourir le nord de l'Espagne et le Sud-Ouest de la France (une carte nous permet de visualiser leur voyage), rencontrer de nombreux clans, et vivre de nombreuses aventures.

Il m'a bien fallu une bonne centaine de pages (sur six cents) pour réussir à rentrer dans l'histoire. En effet, l'écriture est un peu plate, terne, trop journalistique et pas assez vivante à mon goût. C'est une énumération de faits, cela manque de chaleur, d'émotions. Les rares dialogues ne sont pas crédibles, car ils parlent comme dans des livres (Peut-être un problème de traduction).

Certaines scènes sont tellement détaillées qu'on pourrait s'y croire, comme par exemple les scènes de chasse au bison. Personnellement, je les ai trouvées un peu longuettes, mais c'est aussi très réaliste.

Puis petit à petit, l'action se met en place, on finit par s'attacher aux personnages et à comprendre qu'il ne s'agit pas seulement d'une explication sur l'art préhistorique (les nombreuses fresques d'art pictural de cette époque sont analysées dans le roman, en essayant à chacune d'entre elles d'imaginer comment et par qui elle a été peinte). On va finalement trouver aussi des analyses fines et précises sur les coutumes des Homo-Sapiens et des Néandertaliens, sur leur cannibalisme (pour subsister, il faut manger, donc pas besoin de s'encombrer de bouches inutiles pendant l'hiver), sur la façon dont les femmes sont traitées (saillies à volonté par qui le veut), sur l'importance des enfants, et comment assurer l'avenir d'un clan.

Lorsque l'Errant et son protégé arrivent au Grand Bleu (vous aurez reconnu l'océan, à un endroit qui deviendra la ville de Bordeaux), le roman devient enfin intéressant. Les émotions sont enfin présentes, on arrive presque à se mettre dans la peau des héros. Et bien sûr, c'est très instructif, et très bien documenté.

J'ai lu ici ou là que, pour certains, ce roman surpassait la saga des Enfants de la Terre de Jean Auel. Je ne suis personnellement pas d'accord. C'est un roman certes très instructif, très documenté (quelquefois trop, cela tourne au documentaire, on croirait lire un article de GEO ou Ça m'intéresse) et très intéressant, mais d'un point de vue romanesque, on est loin de la qualité de la saga, surtout des premiers tomes.

Mais au final, j'ai lu les deux tiers restants du roman avec un grand plaisir et j'en conseille la lecture.