Les Chroniques de l'Imaginaire

Doubrovski - Pouchkine, Alexandre

Cyrille Petrovich Troïekourov, ancien général-en-chef de l'armée du tsar, est un homme riche et puissant qui possède une myriade de terres et d'âmes. Il est craint de ses serfs, de ses voisins, de la police et chaque personne invitée chez lui se montre obséquieuse, craignant ses fantaisies, ses colères et sa vindicte. Un seul homme ose lui résister et lui parler franchement : son voisin et ancien lieutenant de la garde, Andreï Gavrilovitch Doubrovski. Même s'il est pauvre, ne possédant que soixante-dix âmes, Cyrille Petrovich le respecte, l'invite souvent et accepte même la contradiction de sa part.

Cette entente est presque parfaite jusqu'au jour où lors d'une chasse a lieu un incident. Alors que Cyrille Petrovich fait visiter son chenil à ses invités, Doubrovski se permet une remarque sur la qualité de vie des chiens bien plus merveilleuse que celle de la plupart des gens du vieux général. Or c'est un serf de Petrovich qui lui réplique de manière insolente, ce qui fait éclater de rire son maître. Oubliant rapidement cet incident, ce n'est qu'au moment du souper que le général se rend compte de l'absence de Doubrovski. Quelque peu vexé, il donne l'ordre d'aller le chercher mais Doubrovski ne revient pas. S’ensuit un engrenage de vengeances jusqu'au point de non retour lorsque Cyrille Petrovich décide de prendre les terres de Doubrovski.

Ce très court roman d'Alexandre Pouchkine nous dépeint la société russe au XIXème siècle, où l'omnipotence des nobles et grands propriétaires russes est sans limite. Ils sont non seulement propriétaires d'immenses domaines mais aussi des personnes vivant sur ces domaines, avec droit de vie ou de mort sur eux. Leur puissance leur permet de corrompre l'administration, la justice et de s'approprier ainsi les biens des plus faibles qu'eux sans aucun droit. C'est la loi du plus fort et du plus riche.

Le récit est rythmé, les péripéties s’enchaînent et l'on attend de connaître la suite en espérant que Cyrille Petrovich subisse les foudres de Doubrovski et finisse par être puni. C'est un roman du XIXème siècle, avec une belle langue, une petite pointe de romance et d'aventures. Mais je dois avouer que je suis resté un peu en retrait de cette histoire, je ne me suis pas laissé emporter par ce livre. Cela m'a semblé un peu daté par certains aspects de l'intrigue et je m'attendais à quelque chose de plus épique, avec plus de souffle.

Ceci dit, après la lecture, on ne peut s'empêcher de faire le parallèle entre la situation de l'époque et celle actuelle en Russie. La corruption semble toujours présente, une oligarchie toute puissante règne toujours autour du pouvoir, et son président est tout autant despote que les tsars de l'époque. Comme quoi le récit peut dater de presque deux cents ans et être toujours d'actualité.

Ce roman est parfait pour tenter de comprendre l'âme russe et la position du peuple russe face au pouvoir.