Nous sommes en 1511, au sein du village d'Oluta, qui est convoité par les Mexicas (qui sont les Aztèques que l'on connaît). Les femmes du village sont cachées dans les arbres, pendant que Mixtle, le cacique du village, parlemente avec des envoyés Mexicas. Ces derniers emportent une grande partie des récoltes, ainsi que des esclaves et des habitants, en nombre, pour des sacrifices humains, à Tenochtitlan.
Parmi les filles réfugiées dans les arbres, il y a Malinalli, la fille de l'ancien cacique, qui a lui-même été emporté par les Mexicas. Lui et sa grande sœur, qu'elle n'a jamais revue... A présent, Malinalli a le droit d'écouter les conseils de son village, et elle a de plus en plus de mal à tenir sa langue, devant les injustices qu'accepte Mixtle... C'est sans doute une des raisons de l'enlèvement de Malinalli de son village, et de sa vente comme esclave chez les Mayas...
A présent, la fille du cacique est une esclave, et elle a elle-même du mal à y croire. Elle échappe tout de même au fait d'être offerte au vieux cacique local, et c'est dans les champs de maïs qu'elle va travailler, ne comprenant personne avec une langue totalement différente de son dialecte natal. Pour autant, c'est l'apprentissage de cette nouvelle langue qui va permettre à Malinalli d'avoir un destin bien différents des autres filles de son village...
Car Malinalli ne va pas tarder à maîtriser les langues aztèques et mayas, notamment, et c'est contre toute attente qu'elle va se retrouver interprète d'Hernan Cortez, un espagnol qui est surtout intéressé par l'or des Mexicas, présent en quantité à Tenochtitlan. Cortez veut rencontrer l'empereur aztèque, Moctezuma, et il n'en est pas digne pour le moment, lui qui vient d'arriver avec des hommes à l'odeur corporelle insupportable...
Celle qui parle est un one-shot qui non seulement nous fait voyager dans l'espace et dans le temps, mais qui nous en apprend aussi beaucoup sur les civilisations aztèques et mayas, dans le Mexique d'alors. Immédiatement, on s'attache à Malinalli, qui va connaître un destin hors-norme, et qui sera connue aussi comme une des grandes figures féminines de l'Histoire. Si on ne la connaît que peu en France (et cette bande dessinée est justement là pour nous la faire découvrir de très belle manière), elle est un personnage incontournable de l'Histoire du Mexique.
Le livre d'Alicia Jaraba est un monument de quelque deux-cent planches, et elles se parcourent bien facilement, sans aucun souci de lisibilité, comme cela pourrait être le cas chez Delcourt avec Le Serpent et la Lance, de Hub. Ici, les dessins et les couleurs sont d'une grande douceur, de toute beauté. Les expressions des visages féminins sont très soignées, et c'est avec une facilité déconcertante qu'on découvre la vie de Malinalli.
Celle qui parle est un livre à mettre absolument entre un maximum de mains, tant il est parfaitement traité tant sur le fond que dans la forme. Un livre d'Alicia Jaraba qui respire le travail et la documentation, et qu'on ne peut que franchement saluer.