Nous sommes dans un bar de Belfast, et pour une fois la musique qui y passe est française. Ce n'est pas pour déplaire à Tim, un jeune garçon fauché qui est surpris lorsque la jeune serveuse, Mary, lui fait de l'oeil... Une escarmouche avec des Irlandais plus tard, Tim et Mary se retrouvent à se promener dans le parc voisin, puis c'est dans le lit de Tim que cela se termine...
Mais au petit matin, Tim, qui est un Londonien, se retrouve seul dans son lit. Il parle de cette petite aventure à Sharky, un de ses seuls amis, issus de sa vie d'avant... Bientôt, Tim a la désagréable surprise de voir que Mary a un petit copain, qui est le capitaine de l'équipe de foot gaélique locale. Un certain Dylan, que Mary n'aime pas vraiment, et qui est plutôt du goût de son père, entraîneur de l'équipe, et de son grand frère, ex-capitaine de la même équipe...
Alors, Tim décide de s'accrocher, et c'est un dimanche, en plein match, qu'il refait surface dans la vie de Mary. Et cette fois, ce sera la bonne : Mary va vite mettre un terme à sa relation avec Dylan, et les deux tourtereaux vont bientôt vivre le grand amour... Mary, l'Irlandaise catho, raconte à Tim la mort de sa grande sœur cinq ans avant la naissance de Mary. Et Tim raconte son enfance auprès d'un père anglais violent, un homme mort depuis vingt ans maintenant, et qui a tué un nombre impressionnant de catholiques, de sang froid...
Et bientôt, tous ces événements vont se recroiser, et pour notre plus grand plaisir, dans ce premier tome de Partitions irlandaises, qui sera un diptyque. Il est impossible de ne pas penser à Coupures Irlandaises, one-shot paru chez Futuropolis, le même éditeur, il y a maintenant douze ans, déjà avec Vincent Bailly aux dessins et aux couleurs, et Kris au scénario.
Les auteurs remettent le couvert, en imaginant une histoire d'amour à Belfast. La petite histoire se mêle de nouveau à l'Histoire, et c'est ce que Kris fait particulièrement bien dans chacune de ses séries (il n'y a qu'à relire Notre Mère la Guerre, ou encore Un maillot pour l'Algérie ou Un homme est mort pour s'en convaincre).
Ici, il est impossible de lâcher ce premier tome avant d'en voir le cliffhanger, terrible, final. Les personnages sont touchants, et même franchement attachants. Leur fragilité est mise en avant, avec un historique poignant pour chacun d'eux, et pour des raisons différentes. Les dessins de Vincent Bailly sont toujours aussi réussis, expressifs et désordonnés : on reconnaît immédiatement la patte du dessinateur de Un sac de billes ou de Mon père était boxeur, deux très jolies séries également parues aux éditions Futuropolis.
Douze ans après Coupures irlandaises, c'est avec beaucoup de plaisir qu'on retrouve ce Partitions irlandaises des mêmes auteurs. L'attente pour en connaître la conclusion sera proprement insoutenable ! Vite, messieurs, la suite !