A seize ans, Violette vient de voir sa famille voler en éclat. Alors que depuis un an la jeune fille faisait les quatre cents coups à base de soirées débridées, de relations éphémères et parfois d’un ou deux joints, son frère Sam, lui, fait une tentative de suicide qui l’envoie d’abord à l’hôpital, puis dans un établissement de soin psychiatrique dans le Vermont.
Pour parfaire le tableau, les parents de Violette l’envoient passer l’été dans le Maine, chez l’oncle Toby. Elle y passera les vacances à travailler à l’aquarium du coin, qu’elle fréquentait avec son frère quand ils étaient petits.
Violette se rend bien compte qu’elle a eu une année chaotique, et elle s’en veut de ne pas s’être plus préoccupée que cela de son frère, qui a des soucis depuis toujours. En guise de nouveau départ, elle se rase les cheveux, et décide de ne porter que des vêtements simples (jean et t-shirt).
A l’aquarium, elle va faire la connaissance d'Orion, un jeune homme d’une beauté renversante, qui lui présentera sa petite bande d’amis, ainsi que la jeune fille dont il est plus ou moins secrètement amoureux : Liv. Alors que Violette s’était promis de ne plus avoir de relations sentimentales, elle se rend compte que, si son esprit proteste, son cœur et son corps, eux, ne sont pas du même avis, et elle se sent attirée par Liv…
Ce livre aborde avec beaucoup de sensibilité plusieurs domaines assez sensibles. Le mal-être des adolescents, le suicide, la différence, l’orientation amoureuse sont autant de thèmes aussi intéressants que compliqués à mettre en œuvre dans une histoire, sans tomber dans le misérabilisme ou le voyeurisme.
Et Julia Drake parvient à nous toucher avec cette histoire d’adolescents qui montrent tous une grande résilience aux épreuves qui se dressent devant eux. Roman initiatique par excellence, on comprend vite que le fait de se raser les cheveux pour Violette est une forme d’auto-flagellation qui va finalement conduire à une renaissance, tout comme la fabrication du bateau pour Orion l’aide à faire le deuil de son ami.
Il y a des histoires qui se font écho tout au long du roman, et ce que j’ai beaucoup apprécié c’est que si l’amitié n’est pas acquise immédiatement, pour ces adolescents, à ce moment-là, elle a du sens et de la profondeur. Ce qui leur permet d’entamer une quête, façon cold case, pour retrouver une épave perdue le long de la côte.
Même si les sujets sont graves, l’ensemble ne manque pas d’un humour grinçant. Violette pratique l’auto-dérision en permanence, ce qui lui permet de se protéger, mais il y a aussi beaucoup d’humour quand elle décide d’écrire une comédie musicale blindée de jeux de mots.
C’est donc un très chouette roman qui vise d’abord les adolescents mais qui m’a séduite au fur et à mesure de ma lecture. Pour un premier roman, l’autrice réussit à nous entraîner dans un monde adolescent qui, s'il est n’est pas toujours rose, arrive à se forger un avenir plus lumineux et plein d’espoir.
