Rhenna, une Altonia, prépare son doctorat en archéologie. Elle est ravie quand, contre toute attente, le professeur Falaris, son mentor, l’invite sur le terrain. Destination Obido, une planète des Franges à la réputation sulfureuse qui abriterait un site liri, cette espèce extraterrestre mystérieuse à la technologie avancée. L’enthousiasme de Rhenna n’est pas dénoué d’appréhension. Elle part loin de sa planète où le confort et la sécurité sont la norme et surtout loin de ses deux sœurs, la rationnelle, mère poule et experte en self-défense Sabe et la rebelle, séduisante et technophile Ailyn.
Sur Obido, Rhenna ne tarde pas à être déboussolée. Les pots de vin à la mafia sont un passage obligé pour les archéologues tandis que la pauvreté de la population saute aux yeux. De plus, l’équipement nécessaire à leurs fouilles a été endommagé lors du transport et la jeune femme s’ennuie terriblement, cloîtrée dans le quartier sécurisé de son hôtel. Elle tente d’engager le contact avec un jeune humain aux yeux verts qui s’avère être un prêtre errant enseignant la lecture et l’écriture aux enfants du coin.
Une fois les fouilles commencées, les problèmes ne tardent pas. Rhenna fait une chute et se retrouve dans un mystérieux laboratoire, où un artefact étrange se greffe à sa poitrine. Or, les artefacts liris ont une valeur inestimable et la mafia est prête à tout pour mettre la main dessus. Dans sa fuite, Rhenna croisera par chance la route de l’humain, Evald, qui décide de l’aider.
Rhenna apparait d’emblée comme une héroïne sympathique, plein d’incertitude sur son avenir et sur ses propres capacités. Loin d’être une Mary Sue - personnage talentueux réussissant tout ce qu’elle entreprend -, elle s’avère plutôt maladroite dans ses décisions comme dans ses relations sociales. Catherine Loiseau évite également l’excès inverse, pourtant si facile, en évitant d’en faire une demoiselle en détresse, sans cesse sauvée par les autres. Les différentes aventures vécues par la protagoniste lui donnent en effet l’occasion de prendre confiance en ses propres capacités, de s’affranchir de ses peurs et, en quelque sorte, d’entrer enfin dans l’âge adulte. C’est un plaisir de la voir évoluer au cours du récit.
L’emploi de recherches archéologiques, ou plus largement historiques dans des ouvrages de SF, est un procédé qui m’a toujours attirée. Il n’est ici véritablement exploité qu’au début et à la fin de l’ouvrage mais je ne me suis pas pour autant sentie lésée car l’intrigue est prenante. Rhenna doit en effet faire face à de nombreux ennemis. Après une première partie haletante, dans un environnement hostile captivant et bien décrit, le récit ralentit quelque peu. Heureusement, l’auteure en profite pour développer la psychologie de ses personnages et les relations qui les unissent. Heureusement aussi, ce répit n’est que de courte durée et l’action reprend crescendo jusqu’à un dénouement plus serein. J’aurais certes préféré une course-poursuite sans temps mort mais ce léger temps de flottement est bien le seul défaut que je peux trouver un ouvrage – et il n’en est pas vraiment puisqu’il vient justement au service d’un point positif que j’évoquais plus haut, à savoir l’émancipation de la protagoniste.
J’ai été quelque peu surprise de prime abord par l’importance conférée à la romance dans l’intrigue car j'ai l'habitude qu'elle soit reléguée au second plan dans les récits de science-fiction. Cette dimension offre donc un contraste rafraîchissant par rapport d’autres ouvrages SF que j’ai pu lire dernièrement, au style plus clinique, où l’action se résume à la violence et où les sentiments des personnages sont vite expédiés. Rien de tel ici et c'est plutôt agréable.
Sur une autre note, c'est toujours un plaisir d'être face à une couverture de roman adaptée à l'histoire. L'illustration de Baptiste Perez a ici clairement été faite pour cette œuvre - ce qui est loin d'être un passage obligé - et reflète l’atmosphère de la première partie du récit.
Pour résumer, Le cœur des Liris utilise à bon escient des ingrédients traditionnels de la SF pour créer une histoire originale et sympathique, avec une forte emphase sur la romance et l'émancipation.