Tom, documentaliste dans une usine aéronautique californienne, s’est récemment installé dans une nouvelle maison avec sa femme enceinte Anne et son petit garçon Richard. Son quotidien est déjà bien ordonné. Le matin, il se rend à l’usine en compagnie de son collègue et voisin Frank et il s’en retourne de même le soir. De temps à autre, il dîne avec les voisins : Frank et sa femme Elizabeth, également enceinte, mais aussi Ron et Elsie, parents d’une petite Candy de l’âge de Richard.
L’un de ces dîners va justement faire basculer cette vie d’apparence tranquille. Phil, le frère d’Anne, étudiant à Berkeley, alors en visite, est invité au repas donné chez Elsie. Le jeune homme en profite pour faire une démonstration d’hypnose sur Tom et parvient à lui faire faire toutes sortes de facéties. Pourtant, l’arrêt de la séance signe le début des ennuis pour Tom. Une fois rentré chez lui, il est incapable de trouver le sommeil et est soudain témoin d’une apparition fantomatique dans son salon. Les jours suivants, il est pris de migraines terribles et a le sentiment de pouvoir capter les pensées des personnes qui l’entourent, parents, collègues comme voisins. Alors que son étrange pouvoir s’intensifie, Tom sent sa raison vaciller. D’autant plus que ni sa femme, ni son beau-frère ne veulent croire qu’un fantôme hante le salon.
Échos est un court roman de Richard Matheson, bien connu pour ses scénarios de série et son goût pour le surnaturel. Cause ou conséquence de cette autre profession, son style d’écriture est très précis : on suivra Tom, le protagoniste et narrateur, dans chacun de ses faits et gestes et c’est presque un film qui se déroule devant nos yeux.
En quelques pages, on découvre l’ensemble des personnages importants pour l’intrigue et l’action démarre en fanfare. La première apparition du fantôme a ainsi lieu très tôt dans le récit. Le reste des péripéties conserve ce rythme soutenu, même si l’histoire fait la part belle aux scènes de dialogue entre Tom et Anne et à leur vie familiale. Anne a, en effet, bien des difficultés à comprendre ce que traverse Tom et s’effraie de son changement de comportement. Le stress généré par cette expérience n’est donc pas conséquence sur le mariage de Tom et constitue l’un des points importants de l’intrigue. J’ai beaucoup apprécié que cet aspect soit traité, d’autant plus que Tom est le seul à voir l’apparition et qu’il est donc tout à fait logique que ses proches s’interrogent sur sa santé mentale. Quelques autres scènes nous en apprennent plus sur la vie des voisins, loin d’être de simples figurants dans l’intrigue. Les nouvelles facultés de Tom vont mettre à mal l’apparence inoffensive du voisinage pour révéler les histoires ordinaires de tout un chacun mais aussi des secrets bien plus sombres et dangereux.
Je me suis laissée prendre au jeu de l’auteur et ai été surprise par le dénouement : sordide, violent, avec une touche de surnaturel bien sentie. Quelques éléments sont un peu datés et pourront surprendre le lecteur moderne, ou français : le décor n’est pas sans rappeler parfois celui de Desperate Housewives, en moins fortuné, avec son lot de femmes aux foyer désœuvrées. Cependant, l’emphase est ici mise sur un personnage masculin. Certaines relations conjugales nous viennent clairement tout droit du vingtième siècle, époque d’écriture du roman.
Échos n’est pas exactement une histoire de maison hantée conventionnelle. Le récit repose davantage sur une base psychologique et évolue graduellement vers le thriller sans se départir de ses éléments surnaturels. Je conseillerai donc surtout ce roman aux amateurs de thrillers psychologiques à la sauce fantomatique.