Les Chroniques de l'Imaginaire

Vu des pop cultures - Gaiman, Neil

Cet épais volume rassemble plus de quatre-vingt textes de Neil Gaiman. Leur seul point commun est de ne pas être de la fiction : vous trouverez ici des discours prononcés à diverses occasions, des essais, des articles parus dans la presse, des préfaces et introductions aux livres d'autres auteurs, et ainsi de suite. (Certains textes sont plus inattendus : saviez-vous que Gaiman a écrit un petit texte sur les villes comme easter egg pour le jeu vidéo SimCity 2000 ?) Ils ne sont pas classés par ordre chronologique, mais organisés en grandes catégories en fonction de leur nature ou de leur sujet.

Plusieurs thèmes reviennent comme des leitmotifs tout au long du livre, comme le rôle des bibliothèques dans l'éducation des enfants, l'importance de la création artistique ou encore les bienfaits de la littérature de genre et des contes de fées. Du fait de leurs origines variées, les textes se répètent parfois, mais c'est une faute compréhensible. D'ailleurs, l'introduction le reconnaît et suggère de ne pas lire le livre en entier ou dans l'ordre. Il est sans doute plus intéressant de regarder le sommaire et de picorer les textes susceptibles de vous intéresser. C'est donc ce que j'ai fait !

Parmi cette myriade, j'ai été particulièrement intéressé par les portraits d'autres auteurs. Gaiman a le chic pour croquer des gens comme Douglas Adams, Harlan Ellison ou Diana Wynne Jones et donner envie de lire leurs œuvres. Les introductions de livres jouent un rôle d'amuse-bouche similaire, même si elles recommandent souvent de lire le livre concerné avant de les lire elles-mêmes, ce qui est compréhensible dans leur contexte original mais semble un peu bête dans ce recueil. Ça reste sympathique de se découvrir des goûts communs, par exemple pour Lud-en-Brume ou Viriconium, et ça m'a permis d'ajouter quelques titres sur ma liste de souhaits, notamment Les treize horloges sur lequel Gaiman est absolument dithyrambique.

J'avoue avoir survolé les pages consacrées au cinéma et aux comics, des supports qui m'intéressent assez peu. En revanche, j'ai beaucoup apprécié la section musique, et notamment l'entretien avec le musicien de rock américain Lou Reed en 1992, à une époque où Gaiman était encore journaliste avant d'être écrivain. La dernière partie reprend des textes plus personnels, où il parle de sa femme Amanda Palmer, d'un ami commun décédé depuis, de Terry Pratchett ou des réfugiés syriens. C'est une bonne idée de conclure sur une note plus émotionnelle cette belle promenade dans l'esprit d'un écrivain fondamental des littératures de l'imaginaire.