Scott avait des ambitions simples et ordinaires : travailler, mettre de l'argent de côté pour avoir une maison et veiller sur sa famille. Malheureusement, il est irradié alors qu'il se trouve en vacances avec son frère et employeur, Marty. Dès lors, il commence à rapetisser sans que rien ne semble à même d'enrayer le phénomène.
Ce roman entremêle deux chronologies différentes. Certains chapitres nous montrent Scott, déjà minuscule, perdu dans la cave de sa maison et en proie à des dangers mortels : une araignée de sa taille, une chute du haut d'un carton, une goutte d'eau tombée au sol. D'autres reprennent l'histoire à son commencement en nous faisant assister à ses premiers doutes sur sa taille, à ses errances médicales et à ses problèmes de plus en plus importants pour s'intégrer dans la société.
Les deux types de chapitres offrent une expérience de lecture assez différente, surtout pour le lecteur moderne. J'ai adoré ceux où Scott se trouve dans la cave. Cet univers à part entière est décrit de manière précise et impressionnante. Un tuyau d'arrosage ressemble à un serpent, puis, à mesure que les jours passent à un tunnel de plus en plus gigantesque. Ces chapitres comprennent en outre un bon mélange d'action et d'introspection. Scott se lance dans des épreuves surhumaines pour survivre tout en questionnant justement son instinct de survie, sa place dans l'univers et les fondements de son humanité.
Les autres chapitres sont sans doute moins appréciables car ils dépeignent une caricature de l'Américain moyen des années 1950 : un homme obsédé par l'accumulation de biens matériels, questionnant sa virilité dès lors que sa femme travaille ou qu'il ne ramène pas assez d'argent à la maison, craignant le ridicule de sa situation. Bref, un homme épuisant à suivre. J'ignore dans quelle mesure ceci était voulu ou non par l'auteur. En tout cas, cela rend son évolution psychologique plus intéressante à suivre.
Pour résumer, L'homme qui rétrécit accuse quelque peu son âge mais demeure un très bon roman d'aventures, servi par quelques moments poétiques. Pour ceux qui ne l'ont pas vu, je ne peux que recommander le film de 1957, qui retranscrit bien cette atmosphère d'aventure et de poésie en passant un peu plus rapidement sur le caractère exaspérant de Scott.