Les Chroniques de l'Imaginaire

A touch of darkness (Hadès et Perséphone - 1) - St. Clair, Scarlett

Perséphone est une déesse sous couverture. Personne ne doit savoir qu'elle est en fait la Déesse du Printemps, la fille de Déméter, elle-même Déesse des Moissons. Pendant dix-huit ans, elle a vécu recluse dans l'Orangerie de sa mère mais elle est parvenue à l'attendrir suffisamment pour que Déméter la laisse étudier le journalisme à Nouvelle-Athènes. Perséphone se fait passer pour une humaine depuis lors, ce qui n'est pas si compliqué car ses pouvoirs divins ne se sont jamais manifestés. Elle étudie avec acharnement mais se laisse parfois distraire par sa fêtarde de colocataire, Lexia. Alors qu'elle vient de décrocher un stage dans un prestigieux journal, Lexia la persuade justement de faire la fête et de transgresser à l'occasion l'une des règles imposées par Déméter : ne jamais fréquenter d'autres dieux. Car c'est au Nevernight, le club d'Hadès, que Lexia vient de décrocher des billets d'entrée. Hadès y organise des paris contre des mortels, avec des conséquences terribles pour les perdants. Craignant que son amie Lexia ne soit tentée de parier, Perséphone se précipite sur le lieu des paris... et ne tarde pas à en passer involontairement un avec le dieu des Enfers.

La vie de Perséphone se complique alors singulièrement : elle va devoir trouver un moyen de gagner son pari et, pour cela, réveiller ses pouvoirs divins tout en cachant ses rencontres avec Hadès à sa mère. Loin d'être une victime, Perséphone souhaite aussi profiter de son stage de journaliste pour dénoncer le comportement d'Hadès envers les mortels, quitte à s'attirer ses foudres.

Le cadre de départ de ce premier tome de la série Hadès et Perséphone n'est pas spécialement original : une société plus ou moins contemporaine dans laquelle les Dieux grecs existent, où ils tiennent des boîtes de nuit, des agences de presse, des groupes de musique pop... et mettent le chaos dans la vie des mortels en les séduisant, en les changeant en plante verte ou les deux à la fois. Je dois dire que je ne me lasse pas vraiment de ce procédé. Il fonctionne particulièrement bien avec le panthéon grec, connu pour ses actions arbitraires. Cela fonctionne d'ailleurs encore mieux sous l'angle de la romance, comme c'est le cas dans ce roman. Le fait d'avoir affaire à des dieux caractériels permet ainsi d'expliquer certains emportements des personnages et certaines péripéties un brin farfelues.

Dans ce premier tome, Hadès et Perséphone jouent au chat et à la souris. Bien sûr, le lecteur sait comment ce jeu va finir mais c'est justement ce qui fait tout le sel des romances. Les scènes sexuelles, assez crues et très fréquentes, ne sont pas exactement ma tasse de thé mais je pense que c'est bien ce que recherchent la plupart des lecteurs de ce type d'ouvrage. L'attirance d'Hadès et Perséphone semble au départ plus physique que romantique mais des scènes de dialogue questionnant le rôle d'Hadès, son lien avec les mortels et les conséquences de ses actions permettent à la fois de rectifier le tir sur ce plan et d'offrir un peu de chair à l'intrigue.

J'ai apprécié la posture de Perséphone, qui souhaite utiliser sa position d'apprentie journaliste pour dénoncer les actions des Dieux. On se demande certes comment une simple stagiaire peut avoir les coudées franches pour écrire un article en Une d'un grand journal mais, dans un univers où Apollon est une pop star et où Aphrodite possède une chaîne de vêtements, il faut avoir l'esprit ouvert.

On passe du monde des mortels au monde des enfers et inversement à de nombreuses reprises. Les Enfers présentés reprennent des éléments de la mythologie tout en s'en affranchissant quelque peu. Les descriptions des paysages de ce monde souterrain et de son fonctionnement sont d'ailleurs réussies.

A touch of darkness est une romance divertissante, qui plaira à tous ceux qui aiment voir des divinités caractérielles et portées sur la chose évoluer dans un environnement moderne. Bien qu'il soit le premier tome d'une série, il peut aussi se lire comme un stand-alone en raison d'une conclusion bien amenée et satisfaisante.