Si vous aimez Hollywood, si vous appréciez le strass et les paillettes, le cinéma côté rêve américain, merci de passer votre chemin. La cité des anges côté dark est ici abordée par Stephen Desberg. Certes, vous y rencontrerez des starlettes et certains noms étincelleront votre lecture, mais ce sera plutôt dans l'au-delà, car les morts hantent cet album.
Movie Ghosts est bien trouvé comme titre, car Jerry Fifth, notre héros principal, entend des voix, celles des fantômes du vieux cinéma hollywoodien. Il est l'habitué de cette ville qui nous attire tant. Jerry connaît les dessous de L.A., les mauvais penchants, les secrets, les coins sombres et les descentes aux enfers. Un soir, un type dénommé Cornell l'approche et lui demande d'enquêter sur le meurtre de Louise Sandler. Le fantôme de cette dernière l'accompagne, Cornell aussi a des acouphènes, lui aussi entend les morts.
Au fur et à mesure que l'histoire avance, les revenants solliciteront de plus en plus Jerry Fifth. Et les vieux démons ressurgiront. Vieux, pas tant que cela. Le Me too est assez récent dans notre vocabulaire, mais sa cause est née il y a des décennies.
Que l'on s'appelle Borgart, Mayer ou Brando, Desberg ne les oublie pas. Que ce soit côté relations abusives ou magouilles politiciennes, conspiration avec l'ennemi communiste et chasse aux sorcières, les pistes s'enchaînent. Fifth aide ses morts qui rôdent autour de lui, il pense y trouver son compte et tombe même amoureux d'une actrice disparue...
Stephen Desberg est un amoureux du cinéma américain des années cinquante. Tout ce monde de la Warner à la MGM le fascine. Comment ne pas être adepte quand on a un père qui distribuait ces films en Belgique et quand son grand-père était projectionniste dans l'Ohio ? Cet opus est à glisser dans les mains des cinéphiles qui y trouveront leur compte. J'aime les atmosphères à la Clark Gable, Vivien Leigh, Bogart et Fred Astaire, mais cette histoire de fantômes reste encore à développer ou surtout le don qu'a notre héros.
Cet ambiance paranormale nous incite à attendre le second tome pour mieux comprendre. Le scénario dépeint l'autre côté de la machine à rêves, et nous amène à penser que même si nous savons, nous voulons continuer à en recevoir plein les yeux.
Une excellente note à Attila Futaki dont les graphismes sont à la hauteur. L'ambiance glauque, noire et pleine de suspense est parfaitement représentée. Los Angeles baigne dans son crépuscule, les légendes sont plus que présentes mais pas uniquement sur les écrans. Coupez !